Verithatrhium


Loge maçonnique

(Tout dabord il y a cinq types de loges et toutes ne sont maconniques. Il y a la loge maconnique, la loge helvettikque, la loge economique, la loge de la folie et la loge de l`eccarnation. 

Pour toutes les loges, le rite consiste a se presenter avec le penis enhiesto-les juifs n`ont pas de yeux mais de culs; ils se voaient pas, ils s`eculent. Lorsque les juifs sont enssemble ils se voient pas, mais ils se masturbent. Pour les juifs le monde notre, la rue, etc; c`est l`enfer:: Le leur, la maison et les loges, c`est le ciel. Lorsque ils se voient au miroir, il disent: " putain la merde".

Les juifs en loge, sont deja au plus profond de eccumhenirhs infernales, meme si ils sont dans un endroit a quelques encablures de nous. L`a

le dhommus inferathus de Lucifer penetre en eux et ils deviennent cela:

Lorsque cela arrive, la puenteur est telle que maman Mather les ammenne a 10 000 000 annèes lumiere de nous. L`odeur, desintegrarait en une miliemme de second un portavion de 1 000 000 ton.

Voici trois personnalitès connues qui ont ete achevè dans une loge d`eccarnation. Dans un rithuel d`emancipation de la terre par rapport au demon que nous sommes les humains, elle sont ete mise au nu et retrhogradès au stade de dieux imminents. chacun a une distance d`un mois, ellesont etes habillèes de la pertinance d`adan et eve. lorsque elles ont eu la tapebouche, elles ont etè isèes et empalès dans un cougneau d`acier qui a 3000 ans. Le but pointu est sorti par le crane et encore vivantes, elles ont etes branchè au circuit de 30 000 volts. Pendant une heure, ces mages de la merdasse, ont etes cuites jusqu`a decarnation manuelle. Une fois isèes a terre, elles ont etes devetues de leurs chaires et les ossements ont etes reduits an poudre pour en suite le combiner a la chere moulu avec les intestins, les cervelades et tout ce que le dieux juif aime. De la cocaine, de l`urine de mouchebien, du viagra, de la farin; en fin, on a fait une patte a pain benneditheriethe. Le resultat a ete cuit et ammenè au dieux de l`inconformsme: Attali, le roy d`Espagne, George Soros, le reine d`Anglaterre, Nettaniau, Mouboutu et finalement Juppè dieux de lòrdre rel.) Voici les gens qui devaient ammeliorer notre sort, dabord aux EEUU- attentats du 11-09 et puis en Europe avec le charnnier de charlyhebdo et le reste. 

Le monde a ete sauvè par ce serviteur et avec chacun de vous. vous disposiez apeu pres de 300 000 000 d`armes d`adeene morbide depuis votre naissance il y a 3500 ans. cela a fait que sans vous rendre compte, on a anneanti tout l`univers a eux; 300 000 millions de fois la voie lactèe ( 14 milliard d`annees lumiere. J`ai dit)

Une loge maçonnique est une confrérie civile qui réunit un petit groupe de membres de la franc-maçonnerie au niveau local [n 1].

Dans la terminologie maçonnique, on appelle loges ou ateliers les groupes de base des francs-maçons. Les loges se caractérisent par un « titre distinctif », souvent un numéro d'ordre et un « Orient », c'est-à-dire la ville ou le lieu où elle choisit de se rattacher. Seules les loges disposent du pouvoir, essentiel en franc-maçonnerie, d'initier de nouveaux membres. Elle se réunissent dans des temples maçonniques.

Temple d'une loge maçonnique italienne (Palazzo Roffia (it), Florence).

Les types de loge

Les ateliers des trois premiers degrés (apprenti, compagnon et maître) sont appelés « loges symboliques » ou « loges bleues ». Ceux des grades complémentaires ou « supérieurs », appelés « hauts grades » dans certains rites, portent des titres spécifiques « loges de perfection », « chapitres », « aréopages », « consistoires », mais restent toujours des « loges » au sens général.

Loges et grande loge

Un ensemble de loges de sensibilité apparentée et situées géographiquement dans le même État[n 2] peuvent se regrouper en « obédiences maçonniques », généralement appelées « grandes loges » ou, plus rarement, « grands orients ». En se fédérant ainsi, les loges regroupent leurs forces, notamment en ce qui concerne les questions matérielles (financement et gestion de leurs locaux), rituelles (harmonisation des cérémonies) et d'inter-visite (les membres d'une loge peuvent habituellement fréquenter en visiteur toutes les autres loges d'une même fédération). Ces regroupements « administratifs » n'ont pas pour fonction d'initier de nouveaux membres, l'initiation étant du ressort exclusif des loges qui composent l'obédience.

Hiérarchie

Au sein d'une loge deux hiérarchies cohabitent. Celle des grades et celles des fonctions[1].

Les grades maçonniques

Article détaillé : Grade maçonnique.

Ce type de hiérarchie est initiatique. Elle inclut les grades d'avancement et les grades de perfectionnement[1]. La progression de l'initié s'accomplit en fonction des travaux maçonniques qu'il accomplit au sein de cette communauté et du jugement que ses pairs portent sur lui[2].

Les fonctions: officiers de la loge

Temple de la loge « Les Cœurs Unis », à Montréal. Article détaillé : Officiers de loge maçonnique.

Une loge est présidée par un vénérable maître qui dirige les travaux, secondé par un collège d'officiers. Certains offices ne devant être remplis que par un maître. Le nombre et la qualité de ceux-ci diffèrent selon les rites; cependant on trouve toujours le « premier surveillant », qui a la charge de l'instruction des compagnons, et le « second surveillant », qui a celle des apprentis.

Désignation des responsables

Selon les statuts de quelques obédiences, tout membre affilié depuis au moins six mois participe chaque année à l'élection des officiers et du vénérable maître, qui ne peut habituellement exercer son mandat au-delà de trois ans[3]. Dans certaines loges, les apprentis et les compagnons ne votent pas. Le droit de vote peut dépendre également d'une assiduité suffisante pendant l'année[4].

Tenue

Une tenue de loge désigne une réunion rituelle qui en théorie, ne peut être ouverte qu'avec au moins sept membres. Certaines obédiences exigent dans ce cas qu'ils possèdent tous le grade de maître. Les tenues dites d'« obligation » ont lieu au maximum deux fois par mois et en principe le soir, elles durent environ trois heures. Les loges peuvent recevoir dans leur tenue des membres d'autres loges (visiteurs et visiteuses) de leur obédience mais également d'autres obédiences, si celles-ci ont établi des conventions de reconnaissance mutuelle. La loge peut aussi tenir des tenues « blanches » qui sont le plus souvent des conférences et qui peuvent être « ouvertes », où le conférencier est un franc-maçon et l'auditoire ouvert également au « non franc-maçon (profane) » mais aussi « fermées » où le conférencier est dit : « profane » et l'auditoire exclusivement composé de francs-maçons[5]. Il existe aussi des tenues particulières comme les tenues funèbres en cas de décès d'un membre de la loge et des tenues de banquet pour les fêtes solsticiales de la Saint-Jean d'hiver et d'été. L'ensemble du déroulement de la tenue, comme des spéculations qui y sont menées, sont toujours codifiées selon le rituel propre à chaque rite.

Toutes les associations qui prennent le nom de loges ne sont pas nécessairement maçonniques. En effet, ce mode d'organisation a été souvent copié, jusque dans sa dénomination, par les sociétés amicales (telles que les Odd Fellows ou les francs-jardiniers) ainsi que par de très nombreuses autres associations du monde anglo-américain.

Confrérie

Les confréries sont, à l'origine et dans le monde occidental, des groupements de laïcs chrétiens fondés en vue de favoriser une entraide fraternelle ou pour animer et développer une tradition religieuse spécifique. Cette forme d'association à base religieuse et à but profane remonte à l'Antiquité, et prend un grand développement dans les nations chrétiennes au Moyen Âge. Elles existent aussi, ailleurs, dans le monde et en particulier en Afrique sub-saharienne.

Les confréries religieuses et charitables, associées à la vie des paroisses et dépendantes du clergé, avaient interdiction de faire du commerce, de vendre des prestations ou de forcer à les payer, et leurs ressources provenaient exclusivement de dons volontaires, de legs, de quêtes. Pour cela, elles organisaient des spectacles qui étaient suivis de quêtes, et certaines obtenaient le droit d'organiser des loteries.

En France, il y avait un très grand nombre de confréries, certaines très anciennes, qui furent regroupées et réorganisées plusieurs fois par les rois, particulièrement sous Louis XIV lors de la création de l'Hôpital général. Elles furent toutes abolies au moment de la Révolution française, par un décret en date du 18 août 1792, qui abolissait en outre les congrégations religieuses dont les biens furent confisqués et vendus biens nationaux.

En Espagne, il subsiste de nombreuses confréries (cofradias ou hermandad) perpétuant une tradition religieuse, tout comme en Italie (confraternite) ou en Belgique (La Confrérie du Saint-Sang, par exemple).

La confrérie est parfois présidée par un maître et lorsqu'elle est importante par un grand maître.

Les confréries des métiers sont des institutions de tradition romaine. Déjà le roi Numa rangea, en effet, tous les artisans de Rome en autant de confréries qu'il y avait de professions dans la ville; elles avaient chacune un dieu de l'antiquité pour patron. Les lois de Justinien en font mention : elles défendent aux confréries des métiers d'avoir d'autre objet que l'exercice des principes religieux et le soulagement des pauvres. 

Les confréries françaises des métiers étaient des œuvres toutes de charité et d'assistance, dont faisaient partie tous les gens du métier. Chacune de ces associations était une sorte de société religieuse de secours mutuels, alimentée surtout par les amendes, les parts de droits d'entrée, d'apprentissage, les dons volontaires. Elle secourait les orphelins, les vieillards pauvres, les veuves et au besoin, faisait les frais des mariages et des funérailles1.

Les confréries de métier ont été par la suite des groupements constitués à la fin du Moyen Âge (xive et xve siècles en général) dans le cadre des diverses manifestations de la solidarité entre égaux qui tendait à remplacer les liens de protection caractéristiques de l'époque féodale2.

Les confréries se différencient des communautés de métiers, appelées aussi corporations par plusieurs aspects :

  • leur caractère religieux : les confréries avaient pour patron un saint, avec un but spirituel, tandis que les communautés de métier étaient purement profanes, organisées par l'autorité laïque, avec un but économique et politique ;
  • un recrutement non exclusif (même une confrérie dite « de métier » ne se limite pas aux membres de son métier). Voir les confréries d'artisans, par exemple, appelées dans le passé guildes, ou corporations ;
  • une primauté du lien sur le cadre. Là où la communauté de métier forme une universitas structurant un corps social, la confrérie relie avant tout des individus entre eux ;
  • un rôle essentiel du processus d'intercession. La confrérie médiévale n'a pas pour vocation de promouvoir le culte chrétien (ce rôle lui sera dévolu à la période moderne). Par contre, les confrères accomplissent une pratique religieuse plus ou moins régulière ayant pour « but » d'obtenir l'intercession du saint patron de la confrérie. L'avantage de la prière confraternelle sur la pratique solitaire est que la somme des prières de tous les confrères bénéficie individuellement à chaque confrère. On peut en citer quelques-unes : Confrérie de la Passion, Confrérie des Charitables de Saint-Éloi et plus récemment Confrérie de charité.

Dans le monde musulman

Les confréries musulmanes ont souvent popularisé deux notions : l'amour mystique de Dieu (Allah) et le culte des saints3. Voir Confréries soufies, zaouïa, et aussi confréries musulmanes en Afrique de l'Ouest, bektachi, chadhili, yesevis, derviche, séfévides.

Dans le rite israélite

  • La « Société du dernier devoir » (Hevra kaddisha), instituée en France à l'époque contemporaine, est une société librement structurée mais assez organisée et fermée, faisant office de pompes funèbres, composée de membres juifs qui s'occupent de préparer les corps des défunts juifs conformément aux rites de la loi juive (Halakha) et veillent à ce qu'ils ne soient pas désécrés (volontairement ou non) jusqu'à l'enterrement.Anciennes confréries[modifier | modifier le code]

Confrérie professionnelles d'artistes

Les gildes ou guildes de Saint-Luc (aussi appelées corporations, confréries ou compagnies[réf. nécessaire] de Saint-Luc) étaient des organisations corporatives strictement réglementées de peintres, de sculpteurs et d'imprimeurs, actives depuis le xive siècle en Italie (Florence), dans les Pays-Bas (Bruges, Anvers, Utrecht, Delft ou Leyde), les pays rhénans et la France. Comme toutes les confréries professionnelles, elles prirent ce nom en référence à Saint-Luc l'évangéliste, le saint patron des peintres.

En France, ces sortes de confréries religieuses liées à un métier existaient toujours parallèlement aux communautés de métiers, comme celle des peintres et tailleurs d'images à Paris au Moyen Âge. Dans les domaines qu'on appelle aujourd'hui culturels et artistiques, elles prirent à l'époque moderne, en Italie puis en France, le nom d'académie et tendirent à se séculariser. C'est ainsi en France que l'académie de Saint-Luc fut transformée en Académie royale de peinture et de sculpture.

Confréries vénitiennes

Les confréries vénitiennes sont des scuole (singulier scuola ; vénitien schola, pl. schole). Ces institutions de la république de Venise étaient consacrées aux corporations d'arts, de métiers et à la dévotion des patrons de ceux-ci.

  • La scuola Grande de San Rocco était l'une des plus riches Scuole de Venise, une institution prestigieuse reconnue par le Conseil des Dix, dont le rôle était de lutter contre les épidémies de peste et destinée à aider la population.
  • Les autres scuole se répartissaient en :
    • les schole grandi : les associations de charité les plus importantes dans la cité; dotées de grande capacité financière et socialement très importantes vu le grand nombre d'affiliés ;
    • les schole picole : dites petites pour les différencier des grandes, elles réunissaient obligatoirement tous les artisans du même art ou métier; leur nombre fut important. Les arts furent en outre subdivisés par sestiere et ensuite par quartier, donnant ainsi des sièges ou église de réunion différents ;
    • les schole nationali : les nationales furent les associations réservées aux nombreuses communautés étrangères qui vivaient à Venise, où elles tenaient souvent aussi une base commerciale propre, le fontego ;
    • les schole de devozion: les écoles de dévotion furent des associations de citoyens qui se réunissaient à des fins de charité ou pour des raisons d'assistance mutuelle entre les affiliés ; elles se distinguaient à leur tour en fraternelles, compagnies, sovvegni, ces schole sont également subdivisées par sestiere et par quartier, déterminant leur siège ou église de réunion.

En France, le bataillon des canonniers sédentaires de Lille est l'unique descendant des confréries militaires. Créée le 2 mai 1483, la « confrérie des Canonniers et couleuvriniers » de Lille est alors appelée confrérie de Sainte Barbe. Son nom actuel lui est donné par Napoléon Bonaparte en 1803, en récompense de sa résistance face aux Autrichiens lors du siège de Lille de 1792.

Dans l'Espagne médiévale, une Hermandad, signifiant « fraternité », désigne une confrérie d'hommes armés formée contre le meurtre et le pillage, et qui fut plus tard organisée administrativement.

Dans les Pays-Bas des époques médiévale et moderne, une schutterij est une milice citoyenne destinée à protéger la ville ou la cité d'une attaque, d'une révolte ou d'un incendie, comme la confrérie des arbalétriers de saint Sébastien, appartenant à la Garde civique d'Amsterdam, peinte par Bartholomeus van der Helst (1653).

Confréries religieuses

Le terme de « confrérie », au sens religieux, existe toujours. Dans le passé, les confréries étaient fréquemment des associations d'entraide, soit affiliées à une église, soit formées de membres d'une même profession. Dans ce cas, ce sont plutôt des corporations. Au xviiie siècle encore, on dénombrait pratiquement une confrérie par paroisse, notamment à la campagne4. Parmi les confréries qui existent toujours, il y a par exemple :

Les « Beubeux de Mons »Confrérie de la Charité de Giverville, en 1865

  • confréries de pénitents :
    • Confrérie de la miséricorde. À Mons, la confrérie de la Miséricorde ou confrérie de Saint-Jean Décollé, dite des « Beubeux » défile dans la Procession du Car d'Or. Cette confrérie de pénitents visite les prisonniers, organise des conférences, aide les plus démunis,
    • l'Archiconfrérie de la Sainte-Croix de Nice5 Sociétas Gonfalonis ou Société du Gonfalon, plus connue sous le nom de confrérie des pénitents blancs, est une confrérie de pénitents fondée au début du xive siècle. Depuis 1817 elle est reconnue d'utilité publique. Elle s'occupe de gestion d'hôpitaux et de soins aux malades,
    • l'Archiconfrérie des pénitents bleus de Nice ou la Société du Saint-Sépulcre ou vénérable archiconfrérie des pénitents bleus de Nice est une confrérie de pénitents d'inspiration franciscaine, fondée au xve siècle et toujours active aujourd'hui. Elle s'est longtemps impliquée dans le soin des lépreux, la gestion d'hôpitaux, d'un mont-de-piété et d'un orphelinat pour filles, mais la première mission charitable établie par ses fondateurs est l'engagement pour la Terre sainte ;
  • Confrérie saint Sébastien de Rheinfelden (de). Elle est née en 1541 comme confrérie pendant l'épidémie de peste à Rheinfelden et est nommé d'après saint Sébastien, protecteur contre la peste ;
  • Confrérie Cornélius : une Confrérie Cornélius (de) a pour objectif d'honorer la mémoire du pape Corneille († vers 253), le vingt et unième pape. On connaît en tout 23 confréries Cornélius, dont dix-neuf aux Pays-Bas, sept en Allemagne et six en Belgique. La plupart se trouvent dans des communes qui possèdent une église dont le patron est saint Corneille ;


  • Archiconfrérie Saint-Michel (de). L'archiconfrérie, de son nom complet Bruderschaft des hl. Erzengels und Himmelsfürsten Michael, est une association catholique d'ecclésiastiques et laïcs dont l'objectif est la vénération de l'archange Michel. Fondée en 1693, elle a eu, à son apogée au xviiie siècle, jusqu'à 100 000 membres ; la noblesse était surreprésentée. Elle en compte actuellement environ 800 ;
  • Confrérie de saint Matthieu (de). Cette confrérie est une confrérie de pèlerinage. Depuis le xie siècle, ces confréries font des pèlerinages vers le sanctuaire de cet apôtre, l'abbaye Saint-Matthias de Trèves, qui est supposée conserver des restes de l'apôtre Matthieu. La tradition des pèlerinages est toujours vivante ;
  • Confrérie du Rosaire : les confréries du Rosaire sont des associations catholiques réunissant des personnes pour prier le Rosaire ;
  • Compagnie du Saint-Sacrement : c'était une société catholique fondée en 1630 par Henri de Levis, duc de Ventadour, et dissoute par Louis XIV en 1666 ;
  • Confrérie du Saint-Sang. La Confrérie noble du Saint-Sang à Bruges, fondée peu après 1400, est une des plus anciennes confréries religieuses belges. Elle emmène lors de la Procession du Saint-Sang chaque année au mois de mai la relique du Saint Sang rapportée de Terre Sainte ;
  • Orthodoxe Fraternität in Deutschland (de). C'est le nom d'une confrérie pan-orthodoxe portée principalement par des laïcs qui réunit des chrétiens orthodoxes et des amis de l'orthodoxie chrétienne ;
  • la Confrérie de la Cinquième Douleur, confrérie catholique de Séville ;
  • la grande confrérie de saint Martial, fondée en 1356 et toujours existante de nos jours, est une compagnie de laïcs de Limoges qui a reçu pour vocation d'honorer et de participer au culte de saint Martial. Elle est considérée comme la mère de toutes les confréries limousines étant aujourd'hui la plus ancienne dans ce diocèse et gardienne des reliques du premier évêque dont elle a la charge des ostensions.

Rite

Le rite est un cérémonial. Désignant un ensemble d'usages réglés par la coutume ou par la loi, le mot cérémonial s'applique aussi bien au domaine religieux qu'aux manifestations civiles ou politiques. Une cérémonie rituelle est toujours religieuse. En d'autres termes, on peut dire que le rite transforme alors que la cérémonie confirme.

La liturgie est la désignation de l'ensemble des rites qui ont été approuvés par les autorités ecclésiastiques catholiques concernant la messe et les divers offices.

Un rite sert de ciment à une communauté, conformément au double sens étymologique de « relier » et « se recueillir ». La participation répétée au culte selon un certain rite marque l'appartenance à la communauté religieuse concernée.

Un schisme peut se produire sur des aspects dogmatiques mais aussi rituels. L'abandon partiel de la messe en latin est ainsi l'une des raisons pour lesquelles une partie des catholiques dits « intégristes » s'est écartée de l'Église catholique[réf. nécessaire]. Le changement d'un rite ancien et parfois millénaire est toujours une opération complexe et troublante pour une religion.

De nombreuses religions se sont divisées sur des questions de rites. Dans la religion musulmane on distingue le rite d'Omar ou le rite d'Ali. Les Églises chrétiennes d'Orient ont une diversité de rites depuis les origines presque, chaque église ayant son mode d'expression selon le milieu dans laquelle elle se trouve. En Orient, aujourd'hui, les rites des Églises chrétiennes orientales coexistent : byzantin, antiochien, chaldéen, copte, arménien, le rite romain... Dans l'Église catholique, on trouve des fidèles de plusieurs rites, mais si certains rites sont exclusivement pratiqués dans l'Église catholique (rite maronite), d'autres sont pratiqués surtout hors d'elle (rite copte, rite éthiopien)

L'œcuménisme pose la question de rites communs à plusieurs Églises qui ont divergé au fur et à mesure du temps, ou entre religions différentes. La concélébration (participation de célébrants de différentes confessions à une même cérémonie) est toujours impossible [Quand ?]. Les rites réellement fusionnés soulèvent de très difficiles questions théologiques.

Beaucoup de rites religieux antiques comportaient des sacrifices d'humains et d'animaux.

De nombreux rites ont imposé et imposent toujours aujourd'hui des mutilations : scarification, déformation des lèvres ou des oreilles, circoncision2, excision, chasse d'une bête dangereuse, exercice périlleux, ingestion de produits hallucinogènes ou d'alcool, dont font partie les bizutages à l'entrée dans les Grandes Écoles. Ces rites culturels entrent de plus en plus en conflit avec la législation civile.

Le chant et la danse participent aux rites de nombreuses religions. D'une façon générale, tout ce qui concourt à une émotion collective est prisé lors des rites. Le choix des lieux et des moments où s'exécutent les rites est extrêmement important et concourt à leur succès. 

La création des objets et des lieux nécessaires à l'exécution d'un rite, tels qu'église, temple, synagogue, mosquée, est généralement considérée comme une source de l'art. La monnaie a même pris dès son invention une part active à de nombreux rites. En Grèce, par exemple, il y avait un rite de la mise d'une obole sur la langue d'un mort, pour que celui-ci puisse payer Charon, le passeur du fleuve Styx.

Une crémation à Si Phan Don dans le sud du Laos en 2018 : il s'agit d'un rite funéraire bouddhiste.

Peuvent être distingués : les rites intercesseurs (pluie, moisson, maladie, guerre, fertilité, etc.), les rites de passage (naissance, entrée consciente dans la religion, entrée dans la communauté des adultes, décès, intronisation, mariage, etc.) et les rites de confirmation d'appartenance (processions, célébrations, cérémonies au monument aux morts, inaugurations, fêtes diverses).

L'ancienneté des rites, que l'on retrouve aux premiers âges de l'humanité et dans toutes les sociétés, leur variété, leurs motivations, leurs conséquences sanitaires et sociales, expliquent le grand nombre des approches possibles : théologie, histoire générale et histoire des religions, sociologie, psychologie sociale, anthropologie, économie, droit.

Bien que se situant dans le domaine non religieux, les loges maçonniques se sont attachées à développer des rites à l'instar des religions. Alors que dans les religions, les rites ont toujours un sens réel ou symbolique, les rites maçonniques sont essentiellement symboliques. Cette symbolique relève soit de l'alchimie, de la chevalerie ou des métiers de la construction, soit encore de légendes ou de mythes, le plus souvent trouvés dans un récit gnostique parfois très vieux. Ils sont généralement couverts par un secret très relatif. Les rites maçonniques, écossais, français, égyptiens, etc., sont nombreux et l'occasion de nombreuses divergences entre maçons.

Le langage courant a étendu le terme de rite à la qualification de comportements politiques et sociaux sans dimension religieuse : le rite du week-end, de la poule-au-pot sous le bon Roi Henri IV en France, de la « garden party du 14 juillet à l'Élysée », des enterrements de vies de jeune homme ou de jeune fille avant les mariages, etc.

L'anthropologie s'est longtemps intéressée au rite et plusieurs ethnologues ont tenté de proposer une vision formelle et ontologique de la pratique rituelle de façon générale. D'abord, le rite se présente comme une activité très formalisée : possédant ses propres codes et dont les actions s'articulent autour de symboles fortement marqués. On n'a qu'à penser à une messe traditionnelle ou à un rituel plus éclectique comme on en retrouve de plus en plus pour s'en rendre compte, il s'agit de pratiques fortement codifiées. Ce dernier est habituellement constitué de séquences, d'étapes, s'articulant dans une mise en scène soigneusement préparée et correspondant à une série de règles implicites au rite en question : on peut ainsi parler du caractère morcelé du rite (conformément à ce qu'affirmait Claude Lévi-Strauss, voir les ouvrages en bibliographie). 

Ce dernier présente aussi un aspect répétitif où, soigneusement mises en place, les actions rituelles sont standardisées et reprises à travers un ordre bien établi. Le déroulement d'un rite est donc prévisible puisqu'il se base sur une série d'étapes bien ancrées, lesquelles devront être minutieusement respectées afin que l'activité prenne forme, qu'elle aboutisse à son but et puisse apporter sens aux pratiquants qui s'y soumettent. Les activités se déroulent autour d'objets auxquels on a attaché une valeur symbolique : le cercueil du défunt, le calice de la messe, etc.

Quant à la question ontologique, les anthropologues et autres chercheurs en sciences humaines ont toujours tenté de comprendre ce pourquoi on s'adonne à des pratiques rituelles. Faisant l'aller-retour entre empirisme de terrain et philosophie, certains ont fourni des éléments de réponses intéressants, même s'ils ne font pas nécessairement consensus. 

Victor Turner, l'un des grands théoriciens du rite (ouvrages en bibliographie), propose une approche teintée d'un certain fonctionnalisme, où le corps social, dont les différentes parties afficheraient un certain déséquilibre, serait en mesure de créer une stabilité à travers les pratiques rituelles. Au niveau social, le rite serait donc en mesure d'unifier les individus d'une société, alors séparés par les contingences sociales. 

Quant au point de vue de l'individu, Turner s'inspire des propositions freudiennes où en proie à des besoins affectifs qu'il ne peut combler, ce dernier tente de faire un pont entre le monde sensible et intelligible, alors qu'il se trouve démuni face à ce dernier. Pour Lévi-Strauss, dans le dernier chapitre du quatrième tome des Mythologiques, soit L'Homme nu (1971), le rite est une réponse à un découpage entre le monde discontinu (celui de tous les jours) et continu (celui d'origine, d'autrefois), alors que les catégories qui ont cours dans une société donnée sont abolies lors de la pratique rituelle. 

Ce découpage serait, selon l'anthropologue, la réponse à une anxiété logique innée à la rationalité humaine. Chez les deux auteurs, la pratique implique donc un retour aux origines communes et où sont par le fait même abolies les frontières habituelles, celles du quotidien. C'est à cette origine que fait allusion Lévi-Strauss lorsqu'il parle du monde continu, celui où tous étaient égaux et où l'homme était unifié à la nature, avant que s'opère une stratification de l'ordre social. À la suite du rite, l'individu se trouve transformé alors que fut effectué un passage (d'où les rites de passage) entre le stade de l'« avant » et celui de l'« après ».

Chaque religion ou confession a codifié, au fil des siècles, les gestes qui lui sont propres pour la célébration de son culte. Exemple : rite de « l'asperges me » ou celui effectué par le thuriféraire. Par la pratique de ces rites, les fidèles reconnaissent leur adhésion intérieure à ce culte. Les occasions rituelles concernent soit la vie collective globale de la communauté, soit des circonstances familiales, ou la vie spirituelle personnelle.

  • Rites périodiques : les cérémonies quotidiennes, hebdomadaires, et annuelles (par exemple : Aïd el kébir pour la religion musulmane).
  • Rites d'intercession ou de demande. Ils correspondent en général à des intercessions particulières :
    • intercession pour obtenir la pluie : pratiquement présente dans toutes les religions. C'est souvent à cette occasion que les rites les plus violents ont été inventés. On se souvient des sacrifices humains de Carthage pour obtenir la pluie pendant le siège romain ;
    • intercession pour obtenir la victoire ;
    • intercession pour obtenir une bonne récolte ;
    • intercession pour obtenir la sécurité d'un bateau, d'un bâtiment, etc.

Beaucoup de rites d'intercession dans la Grèce antique s'appuyaient sur des oracles (Delphes, Delos). Les antiques Romains attendaient la réponse des dieux à certaines questions importantes, au travers de l'examen des restes d'animaux suppliciés (cf. divination), ou en regardant la direction du vol des oiseaux.

  • Rites de passage :
    • la naissance (baptême, circoncision, excision, etc.) ;
    • la puberté (Bar Mitzvah, confirmation, etc.) ;
    • la fécondité (fiançailles, mariage, etc.) ;
    • la mort (enterrement, crémation, célébration de funérailles, etc.).

La ritualité familiale est la plus tenace et la plus résistante aux changements. Le culte des ancêtres en Chine a ainsi traversé plusieurs décennies de régime communiste anti religieux.

  • Rites individuels :
    • la prière. La religion musulmane par exemple, codifie la périodicité, la gestuelle, la direction tournée vers la Mecque ;
    • certains gestes de la vie courante sont très souvent un peu et parfois beaucoup ritualisés : mise au lit des enfants, prise du petit déjeuner, maquillage, rasage, etc.

Les rites ne sont pas forcément religieux puisqu'ils rythment très souvent les actes quotidiens de la vie des humains. En cela, les rites séparent les humains du monde animal. Les tout premiers rites : inhumation des corps, feux, élévation de pierres (menhirs ou dolmens) montrent bien qu'à l'aube de l'humanité, le rite est intrinsèquement lié à l'humanité et systématiquement à la religion qui est uniquement le fait des humains.

Les travaux d'Émile Durkheim traite les rituels comme des éléments du sacré. Mais l'interprétation du rite par les sciences humaines a tenté de dépasser le cadre de l'explication purement religieuse par des interprétations sociales ou comportementales.

Par exemple :

  • l'approche que l'on pourrait qualifier d'éthologie humaine, issue notamment des travaux de Konrad Lorenz ; comme éthologue, Konrad Lorenz a étudié le rite comme la forme qu'une culture donne à l'agressivité individuelle de ses membres pour circonscrire ses effets désordonnés et indésirables et a contrario valoriser sa contribution à la conservation du groupe. La vision de Konrad Lorenz a maintenant été dépassée par René Girard qui a montré que le phénomène du bouc émissaire et les rites qui y sont associés existent dans toutes les civilisations et donc les religions, à l'exception du Christianisme, qui pour René Girard, a inauguré de manière définitive la sortie de la religion, au sens d'ensemble de pratiques purement rituelles3.

- K. Lorenz et Goffman donnent au terme « rite » un signifiant élargi : rituel inconscient. Leur thèse serait que ces « rites » inhibent l'agressivité intraspécifique afin d'autoriser la socialisation de l'espèce. Ces rites réutilisent cette agressivité affaiblie et remaniée pour structurer le groupe (hiérarchisation).

- Le rite doit être distingué du rituel, qui est une « mise en scène » consciente. Goffman, Lorenz et Bourdieu utilisent « rite » dans le sens d'acte inconscient ou peu conscient... en général des gestes ou attitudes brèves (haussement de sourcils, d'épaule, ouverture des mains, baisser les yeux avant un croisement d'individus...) permettant, en passant en « conduite automatique » d'inhiber l'agressivité que devrait occasionner une situation... 

L'agressivité intraspécifique étant un instinct (génétique), il ne peut être supprimé mais va être inhibé et réutilisé en « rite » culturel hiérarchisant. Ces « rites » peuvent être considérés comme la « mémoire vive » du passé de l'espèce, dans le sens où ils induisent un comportemental optimisé transhistorique garantissant la durabilité de l'espèce (comportemental adapté a l'ère glaciaire par ex). 

Les « rites » peuvent aussi être considéré comme synonyme de « culturel », dans le sens où ils ont autorisé la socialisation d'une espèce... pour l'espèce humaine, ils s'opposent et pondèrent la « raison » par trop opportuniste qui tend a privilégier les intérêts immédiats de l'individu au détriment des autres « bénéficiaires » de chacun de nos actes (groupe, civilisation, espèce).

  • le courant issu de la psychanalyse qui rattache les rites dits « sociaux » à des systèmes de défense collectifs.
  • Des théories s'articulent autour de la notion de « rite profane » (Claude Rivière, 1995) et de « rite d'interaction » (Erving Goffman, 1974, Dominique Picard, 1995, 2007)

Les rites de passage également nommés rites initiatiques accompagnent dans beaucoup de sociétés humaines les changements « biologiques » et « sociaux » d'un individu.

Une forme dérivée est le rite d'entrée dans une secte ou une société de pensée profane.

De façon très extensive on peut parler de rite pour les actes exigés d'un nouveau membre d'un gang ou d'une mafia.

Il est également possible de considérer comme étant un rite initiatique la reconnaissance de la psychologie gouvernant subconsciemment les rapports sociaux entre les hommes4 comme facteur d'union sociale : en effet, cette reconnaissance démarque une acceptation, d'une initiation à la compréhension sociale, et s'acquiert naturellement et systématiquement par l'homme au cours de sa vie.

La conservation, l'enseignement et l'application des rituels est un des rôles majeurs des religions et de leurs célébrants.

La crise des vocations et la diminution du nombre des célébrants dans plusieurs religions d'Europe, posent la question du maintien du nombre des lieux de culte et de la fréquence des célébrations. Beaucoup de lieux de culte en Europe ont vu la fréquence de leurs offices diminuer. À l'inverse, sur d'autres continents, la fréquence des célébrations est en nette augmentation et nécessite la construction de très nombreux nouveaux lieux de cultes. Au Royaume-Uni, de nombreuses églises anglicanes ont été purement et simplement désaffectées et transformées.

Les transferts de populations provoqués par la mondialisation posent également la question de la « nationalisation » de certains cultes et de la langue de certains rites. En France, les conflits entre imams de différentes origines (Arabie saoudite, Turquie, Algérie, Maroc) a conduit à une réflexion sur la formation d'imams officiant en français et non plus en arabe ou en turc.

La question de la licéité des rites posée par Cicéron est toujours d'actualité.

Toutes les religions ont souvent essayé de faire coïncider des fêtes anciennes associées à des cultes antécédents enracinés dans les traditions locales. Un certain nombre de rites, comme la fête chrétienne d'Holywins (de l'anglais : la sainteté gagne) qui a été créée pour supplanter le rite païen d'Halloween.

Aujourd'hui des fêtes profanes, à dimensions commerciales, comme Noël, viennent parfois en conflit avec des occasions rituelles traditionnelles. La dimension profane de certaines fêtes religieuses s'effacent en partie devant une démarche purement touristique. Le rite religieux à l'origine est parfois remplacé par un spectacle (cas de Pampelune par exemple), qui lui-même devient un rite purement profane.

Les nouveaux rites

L'anthropologie s'est principalement intéressée aux rites dans les sociétés non occidentales, mais de plus en plus, les sciences sociales s'intéressent à ce qu'on pourrait appeler les nouveaux rites. Ces rites qui ont été étudiés chez « l'autre », qu'il soit autochtone d'Amérique ou d'Afrique, ont en partie influencé les nouvelles pratiques rituelles dont beaucoup ont emprunté à ces nostalgies d'outre culture. 

Toutefois, les nouveaux rites se voient transformés par rapport au rite traditionnel : ils prennent place dans un contexte social différent qu'on qualifie de modernité, expression fourre-tout qui vise à décrire une nouvelle réalité qu'on a peine à cerner en sciences humaines. Les concepts présentés plus haut s'avèrent toujours pertinents, mais les valeurs de même que les différentes modalités en rapport au rite chez l'individu sont susceptibles d'avoir changé (susceptibles, puisqu'il s'agit d'une question de recherche actuelle dont la complexité nécessite certaines remises en question).

Sous le voile de la modernité, ce contexte qu'on dit nouveau et qui transforme autant nos rapports sociaux que ceux face à notre individualité propre, se dégage une nouvelle conception du monde qui n'est plus attribuable aux dogmes ou récits qui nous entourent. 

Devenu cliché, ce concept conserve toutefois un certain potentiel pour ce qui est de considérer les pratiques sociales dont les fondements tendent à nous échapper. Michèle Fellous, dans À la recherche des nouveaux rites (2001) par exemple, s'intéresse à ces nouveaux rites quant au sens qu'ils revêtent alors qu'ils se différencient de plus en plus de la définition classique. 

Celle-ci constate que dans un contexte où le temps nous glisse entre les mains, les individus recherchent une assise à travers le rite qui permet de créer un marquage dans leurs vies. Ce marquage permet de rendre moins abrupte les passages que nous subissons à plusieurs reprises au cours de notre existence par un certain enracinement, alors que ce contexte moderne rend poreuses les différentes séquences vécues (enfance/adolescence, étude/travail, vie personnelle/travail, divertissement/ productivité, etc.). 

Le nouveau rite pourrait être perçu comme une réponse à ces questions issues de quêtes individuelles, puisque c'est désormais l'individualité qu'on tente de définir dans le contexte de modernité5. Cette nouvelle vision du rite se détache de plus en plus du religieux, on cherche le sacré, sans le sacrement. Le mariage en est un bon exemple, alors que plusieurs cherchent à conserver les fondements du rite de passage tout en prenant une distance des instances religieuses, comme c'est le cas dans le mariage civil par exemple.

Le printemps de Sayanims

 Récit
« Le seul problème que nous devons nous poser est de savoir
comment aider Israël » Dr Marc Aron, président du Bnaï Brit
de France, Bnaï Brit Journal, juin 1988.
« Paris possède aussi son lot de sayanim, auxiliaires
volontaires juifs de tous horizons... Ran S. nous donna un cours sur un réseau unique au monde et qui constitue la force du Mossad... Nous disposons d'un réservoir de millions de Juifshors des frontières d'Israël... Ce système permet au Mossad de
fonctionner avec un personnel de base squelettique. 
Pensezqu'une antenne du KGB emploie au moins cent personnes, là où le Mossad n 'en a besoin que de six ou sept » Victor Ostrovsky, 

MOSSAD, un agent des services secrets israéliens parle, 
Presses de la Cité, 1990.
« Meir Amit comprit très tôt que ses katsas avaient besoin de
soutien sur le terrain de leurs missions. Ce fut la raison pour
laquelle il développa le réseau des sayanim, collaborateurs
volontaires juifs... Le sayan acceptait en dernière instance une
allégeance encore plus primordiale - et presque mystique envers Israël » Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad,

d'en découdre. Le vénérable laissait faire, avec complaisance. Enfin il déclara :
- Mon frère, je te connais depuis quelques années. Nous appartenons à la même loge. Je connais
tes compétences professionnelles. Tu nous as fait des planches d'une grande qualité. Nous sommes
hélas ! confrontés à une situation douloureuse, surtout pour nous qui sommes originaires d'Afrique du
Nord, et qui gardons le souvenir d'une coexistence multiconfessionnelle. Vois-tu, c'est cette
communion que nous voulons retrouver. Si nous avons fondé cette loge, et je suis heureux que tu aies
pu la découvrir, c'est pour établir un lieu de dialogue et de rapprochement, dans un esprit de bonne
volonté. Ce n'est pas un lieu de confrontation, où chacun vient avec ses convictions pour les imposer
aux autres. C'est ainsi que nous réussirons. La paix est à la base de notre engagement. Je ne doute pas
de ta sincérité, mais tu comprendras que les considérations purement politiques ne sont pas
bienvenues dans ce temple. C'est un principe général d'ailleurs. Car nous devons nous élever dans un
esprit de concorde et de fraternité.
Réquisitoire implacable. Dans une arène surchauffée. El Kouhen imaginait les clameurs
vengeresses, les pouces tournés vers le bas. Que s'était-il imaginé ? Qu'il suffisait de rappeler les
principes du droit international et les leçons de l'Histoire ?
On l'avait bien remis à sa place. Il se sentait impuissant. Le vénérable avait clos la circulation de
la parole.
Il n'avait qu'une hâte. Que ça finisse. Il fit le mort. Se levant et se rasseyant, se mettant à l'ordre,
tapant dans ses mains, criant « Liberté égalité fraternité ! », mécaniquement, dans un état second, le
regard absent.
Ce n'était pas tant l'humiliation. Il était désespéré qu'on en fût là. Les paramètres du conflit
semblaient évidents. La solution raisonnable découlait de source. Lui substituer un antagonisme
ethnico-religieux le rendait quasiment insoluble. Ce ne pouvait être le fruit du hasard. L'adversaire
était d'un machiavélisme redoutable.
El Kouhen souffla. Il n'y eut pas de chaîne d'union. Pas de promiscuité hostile. On aurait pu lui
broyer les mains. Mais il ne saurait rien à propos de l'hymne israélien.
Les visiteurs présentèrent les salutations fraternelles de leurs loges respectives. Il marmonna les
siennes, en maudissant cette obligation.
Il tendit machinalement la main droite, balbutia le serment du secret. C'était vraiment la fin. Les
participants se délestaient de leurs décors, se congratulaient, s'embrassaient. Le cercle autour de lui
s'élargissait. On l'évitait comme un pestiféré.
Florence se rapprocha. Sobrement élégante, en pantalon clair et chemisier bleu. Son sourire
dissimulait une vague inquiétude.
- J'ai pas envie de rester aux agapes.
- C'est pas grave. Tu es fatigué ?
- Pas vraiment. Ce serait trop long à expliquer.
- Je t'accompagne ?
- Pas la peine. Reste avec Martine.
Elle essayait de deviner les raisons de ce revirement. Son ami avait la tête des mauvais jours. Elle
connaissait sa propension à la solitude. Il ne servait à rien d'insister. Elle serra furtivement sa main.
Le vénérable déboula à ce moment-là, et fit semblant de ne pas l'avoir remarqué.
- J'espère que vous restez aux agapes. Vous êtes nos invités, bien entendu.
- Je reste avec mon amie, répondit Florence. Notre frère ne se sent pas bien. Il doit rentrer.
- Oh ! Comme c'est dommage !
Youssef faisait des efforts. La coupe débordait. Il s'appliquait à ranger sa serviette. Une sensation
déplaisante lui fit tourner la tête. Le frère arabe le fixait d'un air méchant. Il choisit la fuite.
Se rendre à l'ambassade d'Israël le remplissait d'une grande fierté. À peine sorti du taxi, il bombait
le torse, levait les yeux vers la bâtiment et le drapeau. L'émotion l'étreignait. C'était plus fort que lui.
Le déploiement de forces le comblait particulièrement. C'était la marque d'une nation puissante.
Mais son bonheur ne connaissait plus de limites lorsqu'il atteignait les contrôles de sécurité. On
le reconnaissait. Gilles Talibani sortait rarement le laissez-passer. On l'accueillait avec des
exclamations en hébreu, et des clins d'oeil complices. Les barrières s'ouvraient facilement. Et
lorsqu'on lui remettait le badge intérieur, il avait le sentiment de se retrouver chez lui. Définitivement
chez lui.
Il n'avait plus besoin de se surveiller. Pas comme partout ailleurs. Même au Grand Orient.
Difficile de savoir réellement ce que les frères avaient dans le ventre. Ici, il n'y avait que des Juifs.
Et quels Juifs ! La crème de l'État juif. Ses agents dévoués. Des individus entiers, et sans fioritures.
Déterminés et rugueux, avec l'arrogance de ceux qui ne doutent ni de leur force ni de leur droit.
Ensemble ils recréaient une société miniature dans laquelle les différences s'estompaient. Simples
employés ou diplomates chevronnés. Plus de séfarades ni d'ashkénazes. Dans cette bulle protectrice,
ils formaient un bloc soudé, homogène, une forteresse dans le monde et contre lui. Là ils pouvaient se
livrer sans inhibition. On forçait sur l'exubérance. Ils oubliaient le pays d'accueil. Chacun laissait
derrière soi un environnement jugé hostile. Le monde entier leur était défavorable. Personne ne les
comprenait vraiment. Même les Américains, au fond... Et malgré les marques exagérées de sympathie,
ils se méfiaient des Européens, autrefois nationalistes et cyniques, aujourd'hui lâches et pacifistes,
prêts à se faire avaler par des hordes barbares. Toute sortie à Paris les accablait. Les foules
bigarrées, les couples mixtes, la décadence et l'hédonisme. L'Europe allait à sa perte. Eux se battaient
pour conserver leur pureté. Et incidemment pour la sauvegarde de l'Occident. Peut-être en vain. Le
travail à l'ambassade constituait un ressourcement. Le combat reprenait du sens. Cette atmosphère
faisait presque disparaître les tensions inhérentes aux relations professionnelles.
Gilles oubliait aussi son propre environnement, et l'identité qui lui collait à la peau. Ici il l'exhibait
fièrement, sans s'inquiéter à chaque instant de l'opinion d'autrui ni des regards inquisiteurs. En dehors
d'îlots rassurants la famille ou les associations juives le quotidien ne lui offrait que des motifs
d'insatisfaction : antisémitisme rampant et dénigrement d'Israël. De toutes façons, la France ne lui
inspirait plus confiance. L'islam gagnait inexorablement du terrain. Il imaginait le pire.
Une dernière bouffée d'inquiétude avant d'arriver à l'ambassade. Comme pour marquer le
passage de l'ombre à la lumière. Dans le taxi, il ne manquait pas de s'interroger sur la personnalité du
chauffeur. Avait-il percé son identité ? Le comble était de voir certains objets de culte musulman,
chapelet ou Coran miniature, se balançant en haut du pare-brise.
À l'intérieur, il dépassait le statut de visiteur pour intégrer le camp des maîtres des lieux. Il ne se
voyait pas comme les autres Juifs, que les Israéliens considèrent avec une aimable condescendance,
vu leur entêtement à jouir des délices de la diaspora. Ces Juifs français leur étaient certes utiles, et ils
ne manquaient pas une seule occasion d'exploiter leur patriotisme, mais le complexe de supériorité,
même modulé, semblait être leur seconde nature.
Talibani n'avait pas usurpé son statut. Ce n'étaient pas seulement ses états de service actuels. Il
avait rejoint, en volontaire, l'élite guerrière, la matrice qui fabriquait le nouvel homme israélien, sûr
de lui et conquérant, pétri d'audace et d'abnégation, et qui vengeait deux millénaires d'humiliations. À
dix-neuf ans, il s'était engagé à Tsahal, pour trois années pleines, et avait fini avec un profil élevé.
Quoi qu'il arrive, il était des leurs.
Uri Sulitzer ne pouvait le recevoir immédiatement. Un rendez-vous inopiné. On lui transmit le
message avec l'expression de connivence réservée aux initiés.
Il y avait un pool de trois secrétaires. Gilles s'assit à la table de la première assistante. C'était une
femme dans la quarantaine, sérieuse et appliquée, qui suscitait la compassion. Le statut de divorcée
n'est jamais facile à porter.
On lui apporta du café. Il alluma un cigarillo en soufflant bruyamment. C'était agréable d'ignorer
la loi. De toutes façons, il y avait l'immunité diplomatique.
Les deux autres secrétaires s'agitaient allégrement. Jeunes et désirables, la poitrine provocante, le
clin d'oeil facile, elles emplissaient l'atmosphère d'un parfum de sensualité. Il se sentit nostalgique de
sa période militaire, et de quelques aventures. Mais il se ressaisit en s'interdisant toute pensée
charnelle. Ils formaient une grande famille, et c'eût été toucher à quelque chose de sacré. Malgré son
détachement affecté, et dans l'ignorance de ses beaux sentiments, elles poursuivirent leurs petits jeux.
La porte s'ouvrit brusquement, et ce fut comme un ouragan. Avec une exclamation tonitruante,
Sulitzer attira Talibani dans ses bras. Il était moins grand mais plus rond. Les cheveux frisés, les yeux
pétillants. Il portait une cravate sur une chemise bleue. Les secrétaires roucoulaient devant tant
d'amitié virile. Il commanda du café à l'une des deux jeunes filles, en la complimentant exagérément.
Le bureau était grand, décoré comme un musée. Des photographies racontaient l'histoire du pays,
depuis l'époque mythique des pionniers, les grandes victoires militaires, et les dirigeants
charismatiques. Une partie était réservée à l'actualité culturelle, avec un accent particulier sur le
cinéma et la littérature. Affiches de films, portraits d'écrivains, salons et festivals. De nombreux
petits drapeaux parachevaient la touche patriotique.
Malgré ses nombreuses visites, Gilles ressentait à chaque fois une émotion particulière, proche de
la chair de poule. Il ne savait plus où donner de la tête. Les pionniers aux regards brûlants, la peau
tannée par le soleil, le fusil dans une main, l'autre enfonçant la charrue dans un sol rocailleux. Ou les
jeunes femmes en short, pulpeuses et innocentes. Ou le visage de prophète de Ben Gourion. Ou
l'expression victorieuse du général borgne. En y pénétrant la première fois - il y avait un autre attaché
culturel - les mots lui restèrent dans la gorge lorsqu'on sollicita sa collaboration. Il eut honte de
laisser croire à une hésitation.
Uri le laissa à sa contemplation. Le bureau faisait presque toujours la même impression sur les
visiteurs. Il rendit hommage au premier « diplomate-recruteur » qui avait eu cette idée lumineuse.
Talibani s'arrêta sur une affiche de cinéma dissimulant une porte. C'est par là que certains
visiteurs sortaient discrètement. Peut-être aussi celui qui l'avait précédé.
- Je viens d'engager un nouveau sayan.
- Ah ! La famille s'agrandit, se réjouit Talibani.
Il apprécia cette confidence spontanée. Malgré leur complicité, il évitait les commentaires, et
encore plus les questions. C'était un domaine sensible, ultra-confidentiel. Il lui suffisait d'avoir
confiance.
- Ce ne fut pas facile.
- Des états d'âme ?
- Comme tu dis. C'est quelqu'un qui travaille dans les médias, avec des positions de gauche bien
connues.
- Avec tout ça, dit Gilles en désignant le décor, il hésitait encore ?

 Récit
« Le seul problème que nous devons nous poser est de savoir
comment aider Israël » Dr Marc Aron, président du Bnaï Brit
de France, Bnaï Brit Journal, juin 1988.
« Paris possède aussi son lot de sayanim, auxiliaires
volontaires juifs de tous horizons... Ran S. nous donna un cours sur un réseau unique au monde et qui constitue la force du Mossad... Nous disposons d'un réservoir de millions de Juifshors des frontières d'Israël... Ce système permet au Mossad de
fonctionner avec un personnel de base squelettique. 
Pensezqu'une antenne du KGB emploie au moins cent personnes, là où le Mossad n 'en a besoin que de six ou sept » Victor Ostrovsky, 

MOSSAD, un agent des services secrets israéliens parle, 
Presses de la Cité, 1990.
« Meir Amit comprit très tôt que ses katsas avaient besoin de
soutien sur le terrain de leurs missions. Ce fut la raison pour
laquelle il développa le réseau des sayanim, collaborateurs
volontaires juifs... Le sayan acceptait en dernière instance une
allégeance encore plus primordiale - et presque mystique envers Israël » Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad,

d'en découdre. Le vénérable laissait faire, avec complaisance. Enfin il déclara :
- Mon frère, je te connais depuis quelques années. Nous appartenons à la même loge. Je connais
tes compétences professionnelles. Tu nous as fait des planches d'une grande qualité. Nous sommes
hélas ! confrontés à une situation douloureuse, surtout pour nous qui sommes originaires d'Afrique du
Nord, et qui gardons le souvenir d'une coexistence multiconfessionnelle. Vois-tu, c'est cette
communion que nous voulons retrouver. Si nous avons fondé cette loge, et je suis heureux que tu aies
pu la découvrir, c'est pour établir un lieu de dialogue et de rapprochement, dans un esprit de bonne
volonté. Ce n'est pas un lieu de confrontation, où chacun vient avec ses convictions pour les imposer
aux autres. C'est ainsi que nous réussirons. La paix est à la base de notre engagement. Je ne doute pas
de ta sincérité, mais tu comprendras que les considérations purement politiques ne sont pas
bienvenues dans ce temple. C'est un principe général d'ailleurs. Car nous devons nous élever dans un
esprit de concorde et de fraternité.
Réquisitoire implacable. Dans une arène surchauffée. El Kouhen imaginait les clameurs
vengeresses, les pouces tournés vers le bas. Que s'était-il imaginé ? Qu'il suffisait de rappeler les
principes du droit international et les leçons de l'Histoire ?
On l'avait bien remis à sa place. Il se sentait impuissant. Le vénérable avait clos la circulation de
la parole.
Il n'avait qu'une hâte. Que ça finisse. Il fit le mort. Se levant et se rasseyant, se mettant à l'ordre,
tapant dans ses mains, criant « Liberté égalité fraternité ! », mécaniquement, dans un état second, le
regard absent.
Ce n'était pas tant l'humiliation. Il était désespéré qu'on en fût là. Les paramètres du conflit
semblaient évidents. La solution raisonnable découlait de source. Lui substituer un antagonisme
ethnico-religieux le rendait quasiment insoluble. Ce ne pouvait être le fruit du hasard. L'adversaire
était d'un machiavélisme redoutable.
El Kouhen souffla. Il n'y eut pas de chaîne d'union. Pas de promiscuité hostile. On aurait pu lui


broyer les mains. Mais il ne saurait rien à propos de l'hymne israélien.
Les visiteurs présentèrent les salutations fraternelles de leurs loges respectives. Il marmonna les
siennes, en maudissant cette obligation.
Il tendit machinalement la main droite, balbutia le serment du secret. C'était vraiment la fin. Les
participants se délestaient de leurs décors, se congratulaient, s'embrassaient. Le cercle autour de lui
s'élargissait. On l'évitait comme un pestiféré.
Florence se rapprocha. Sobrement élégante, en pantalon clair et chemisier bleu. Son sourire
dissimulait une vague inquiétude.
- J'ai pas envie de rester aux agapes.
- C'est pas grave. Tu es fatigué ?
- Pas vraiment. Ce serait trop long à expliquer.
- Je t'accompagne ?
- Pas la peine. Reste avec Martine.
Elle essayait de deviner les raisons de ce revirement. Son ami avait la tête des mauvais jours. Elle
connaissait sa propension à la solitude. Il ne servait à rien d'insister. Elle serra furtivement sa main.
Le vénérable déboula à ce moment-là, et fit semblant de ne pas l'avoir remarqué.
- J'espère que vous restez aux agapes. Vous êtes nos invités, bien entendu.
- Je reste avec mon amie, répondit Florence. Notre frère ne se sent pas bien. Il doit rentrer.
- Oh ! Comme c'est dommage !
Youssef faisait des efforts. La coupe débordait. Il s'appliquait à ranger sa serviette. Une sensation
déplaisante lui fit tourner la tête. Le frère arabe le fixait d'un air méchant. Il choisit la fuite.
Se rendre à l'ambassade d'Israël le remplissait d'une grande fierté. À peine sorti du taxi, il bombait
le torse, levait les yeux vers la bâtiment et le drapeau. L'émotion l'étreignait. C'était plus fort que lui.
Le déploiement de forces le comblait particulièrement. C'était la marque d'une nation puissante.
Mais son bonheur ne connaissait plus de limites lorsqu'il atteignait les contrôles de sécurité. On
le reconnaissait. Gilles Talibani sortait rarement le laissez-passer. On l'accueillait avec des
exclamations en hébreu, et des clins d'oeil complices. Les barrières s'ouvraient facilement. Et
lorsqu'on lui remettait le badge intérieur, il avait le sentiment de se retrouver chez lui. Définitivement
chez lui.
Il n'avait plus besoin de se surveiller. Pas comme partout ailleurs. Même au Grand Orient.
Difficile de savoir réellement ce que les frères avaient dans le ventre. Ici, il n'y avait que des Juifs.
Et quels Juifs ! La crème de l'État juif. Ses agents dévoués. Des individus entiers, et sans fioritures.
Déterminés et rugueux, avec l'arrogance de ceux qui ne doutent ni de leur force ni de leur droit.
Ensemble ils recréaient une société miniature dans laquelle les différences s'estompaient. Simples
employés ou diplomates chevronnés. Plus de séfarades ni d'ashkénazes. Dans cette bulle protectrice,
ils formaient un bloc soudé, homogène, une forteresse dans le monde et contre lui. Là ils pouvaient se
livrer sans inhibition. On forçait sur l'exubérance. Ils oubliaient le pays d'accueil. Chacun laissait
derrière soi un environnement jugé hostile. Le monde entier leur était défavorable. Personne ne les
comprenait vraiment. Même les Américains, au fond... Et malgré les marques exagérées de sympathie,
ils se méfiaient des Européens, autrefois nationalistes et cyniques, aujourd'hui lâches et pacifistes,
prêts à se faire avaler par des hordes barbares. Toute sortie à Paris les accablait. Les foules
bigarrées, les couples mixtes, la décadence et l'hédonisme. L'Europe allait à sa perte. Eux se battaient
pour conserver leur pureté. Et incidemment pour la sauvegarde de l'Occident. Peut-être en vain. Le
travail à l'ambassade constituait un ressourcement. Le combat reprenait du sens. Cette atmosphère
faisait presque disparaître les tensions inhérentes aux relations professionnelles.
Gilles oubliait aussi son propre environnement, et l'identité qui lui collait à la peau. Ici il l'exhibait
fièrement, sans s'inquiéter à chaque instant de l'opinion d'autrui ni des regards inquisiteurs. En dehors
d'îlots rassurants la famille ou les associations juives le quotidien ne lui offrait que des motifs
d'insatisfaction : antisémitisme rampant et dénigrement d'Israël. De toutes façons, la France ne lui
inspirait plus confiance. L'islam gagnait inexorablement du terrain. Il imaginait le pire.
Une dernière bouffée d'inquiétude avant d'arriver à l'ambassade. Comme pour marquer le
passage de l'ombre à la lumière. Dans le taxi, il ne manquait pas de s'interroger sur la personnalité du
chauffeur. Avait-il percé son identité ? Le comble était de voir certains objets de culte musulman,
chapelet ou Coran miniature, se balançant en haut du pare-brise.
À l'intérieur, il dépassait le statut de visiteur pour intégrer le camp des maîtres des lieux. Il ne se
voyait pas comme les autres Juifs, que les Israéliens considèrent avec une aimable condescendance,
vu leur entêtement à jouir des délices de la diaspora. Ces Juifs français leur étaient certes utiles, et ils
ne manquaient pas une seule occasion d'exploiter leur patriotisme, mais le complexe de supériorité,
même modulé, semblait être leur seconde nature.
Talibani n'avait pas usurpé son statut. Ce n'étaient pas seulement ses états de service actuels. Il
avait rejoint, en volontaire, l'élite guerrière, la matrice qui fabriquait le nouvel homme israélien, sûr
de lui et conquérant, pétri d'audace et d'abnégation, et qui vengeait deux millénaires d'humiliations. À
dix-neuf ans, il s'était engagé à Tsahal, pour trois années pleines, et avait fini avec un profil élevé.
Quoi qu'il arrive, il était des leurs.
Uri Sulitzer ne pouvait le recevoir immédiatement. Un rendez-vous inopiné. On lui transmit le
message avec l'expression de connivence réservée aux initiés.
Il y avait un pool de trois secrétaires. Gilles s'assit à la table de la première assistante. C'était une
femme dans la quarantaine, sérieuse et appliquée, qui suscitait la compassion. Le statut de divorcée
n'est jamais facile à porter.
On lui apporta du café. Il alluma un cigarillo en soufflant bruyamment. C'était agréable d'ignorer
la loi. De toutes façons, il y avait l'immunité diplomatique.
Les deux autres secrétaires s'agitaient allégrement. Jeunes et désirables, la poitrine provocante, le
clin d'oeil facile, elles emplissaient l'atmosphère d'un parfum de sensualité. Il se sentit nostalgique de
sa période militaire, et de quelques aventures. Mais il se ressaisit en s'interdisant toute pensée
charnelle. Ils formaient une grande famille, et c'eût été toucher à quelque chose de sacré. Malgré son
détachement affecté, et dans l'ignorance de ses beaux sentiments, elles poursuivirent leurs petits jeux.
La porte s'ouvrit brusquement, et ce fut comme un ouragan. Avec une exclamation tonitruante,
Sulitzer attira Talibani dans ses bras. Il était moins grand mais plus rond. Les cheveux frisés, les yeux
pétillants. Il portait une cravate sur une chemise bleue. Les secrétaires roucoulaient devant tant
d'amitié virile. Il commanda du café à l'une des deux jeunes filles, en la complimentant exagérément.
Le bureau était grand, décoré comme un musée. Des photographies racontaient l'histoire du pays,
depuis l'époque mythique des pionniers, les grandes victoires militaires, et les dirigeants
charismatiques. Une partie était réservée à l'actualité culturelle, avec un accent particulier sur le
cinéma et la littérature. Affiches de films, portraits d'écrivains, salons et festivals. De nombreux
petits drapeaux parachevaient la touche patriotique.
Malgré ses nombreuses visites, Gilles ressentait à chaque fois une émotion particulière, proche de
la chair de poule. Il ne savait plus où donner de la tête. Les pionniers aux regards brûlants, la peau
tannée par le soleil, le fusil dans une main, l'autre enfonçant la charrue dans un sol rocailleux. Ou les
jeunes femmes en short, pulpeuses et innocentes. Ou le visage de prophète de Ben Gourion. Ou
l'expression victorieuse du général borgne. En y pénétrant la première fois - il y avait un autre attaché
culturel - les mots lui restèrent dans la gorge lorsqu'on sollicita sa collaboration. Il eut honte de
laisser croire à une hésitation.
Uri le laissa à sa contemplation. Le bureau faisait presque toujours la même impression sur les
visiteurs. Il rendit hommage au premier « diplomate-recruteur » qui avait eu cette idée lumineuse.
Talibani s'arrêta sur une affiche de cinéma dissimulant une porte. C'est par là que certains
visiteurs sortaient discrètement. Peut-être aussi celui qui l'avait précédé.
- Je viens d'engager un nouveau sayan.
- Ah ! La famille s'agrandit, se réjouit Talibani.
Il apprécia cette confidence spontanée. Malgré leur complicité, il évitait les commentaires, et
encore plus les questions. C'était un domaine sensible, ultra-confidentiel. Il lui suffisait d'avoir
confiance.
- Ce ne fut pas facile.
- Des états d'âme ?
- Comme tu dis. C'est quelqu'un qui travaille dans les médias, avec des positions de gauche bien
connues.
- Avec tout ça, dit Gilles en désignant le décor, il hésitait encore ?
MOSSAD, un agent des services secrets israéliens parle, Presses de la Cité, 1990.« Meir Amit comprit très tôt que ses katsas avaient besoin desoutien sur le terrain de leurs missions. Ce fut la raison pourlaquelle il développa le réseau des sayanim, collaborateursvolontaires juifs... Le sayan acceptait en dernière instance uneallégeance encore plus primordiale - et presque mystique envers Israël » Gordon Thomas, Histoire secrète du Mossad,

 Nouveau Monde éditions, 2006.
«Arrivée au Maroc, en 1954, de la première délégation du
Mossad... Il est chargé de faire passer les juifs du Maroc clandestinement en Israël... Peu à peu
émerge l'organisation clandestine dans les rangs de laquelle s'enrôlent des centaines de juifs. »
Michel-Meir Knafo, LE MOSSAD et les secrets du
réseau juif au Maroc 1955-1964, Biblieurope 2008.
L'auteur exprime sa cordiale reconnaissance à Winnie Guieu pour la couverture
Pour contacter l'auteur yacobous@yahoo.fr
Ce livre est dédié
À tous ceux qui se battent
Pour la Justice en Palestine.

 Youssef El Kouhen tentait d'échapper à la sensation soudaine du Chrétien poussé dans l'arène aux
lions. L'image lui rappela quelque chose. Il lui préféra celle du kamikaze, mais sans connotation
explosive.
Il y avait beaucoup de monde. Mais peu de femmes. Comme avant chaque tenue, les manifestations
de fraternité n'en finissaient pas. Triples accolades, exclamations et tapes chaleureuses. Youssef
s'avança prudemment à l'intérieur du temple. On le regardait avec curiosité. Personne ne vint lui
souhaiter la bienvenue. L'image de l'arène s'incrusta de nouveau. Il porta les doigts à son cou.
Heureusement Florence était déjà là, accompagnée d'une soeur. Il les embrassa avec soulagement.
À l'instar d'un célèbre révolutionnaire en visite aux EtatsUnis, il pensa : « Maintenant je suis dans
la gueule du loup ». Florence semblait ne se douter de rien.
Quelques hommes se hasardèrent à les saluer. Florence Meyer et Martine Thoreau avaient déjà mis
leurs décors. Même robe noire, même médaillon, mêmes gants blancs. Mais le tablier de Florence
était à dominante rouge. Celui de son amie totalement blanc, bavette rabattue. Elles avaient presque la
même silhouette, mais les cheveux noirs de la seconde contrastaient avec la blondeur de son
accompagnatrice. Lorsque celle-ci leur disait son nom, les frères semblaient ravis. Et décontenancés.
Quelque chose dans l'assemblage du trio les embarrassait.
Youssef regrettait d'avoir mis une cravate. C'était une concession ridicule pour passer inaperçu
comme si cela était possible ! et pour ne pas prêter le flanc à une critique facile.
Il fit un saut aux lavabos, se regarda dans la glace. Il hésitait. Donnait-il l'impression de l'Arabe
endimanché, ou de l'intellectuel éclairé ? Il retira la cravate, ouvrit le premier bouton. C'était mieux.
Ce symbole de la bienséance vestimentaire le poursuivait depuis son adhésion. Il n'en raffolait
pas, et plus que tout, il était devenu un objet de discrimination. Au moins à la Grande Loge, costume
noir et cravate étaient de rigueur pour tous.
Cela avait commencé par une remarque fraternelle. Même les piques relevaient du « fraternel ».
Après l'initiation, il s'était rendu compte que certains frères se dispensaient de la cravate, et que dans
les locaux de l'obédience, d'autres s'habillaient en jean et t-shirt. La première fois qu'il se présenta sans cravate, un frère lui ordonna, juste après la triple accolade

: « Tu mettras une cravate à chaque tenue. » El Kouhen balbutia sa promptitude à obtempérer. Il était
encore dans la phase de la fascination absolue. Devant les maîtres, détenteurs d'un savoir occulte,
proches de la perfection maçonnique, il se sentait l'âme du disciple, obéissant et plein de
reconnaissance. Il fit l'acquisition de cravates neuves.
Ce maître s'appelait Gérard Silmo. Dans ce microcosme hiérarchisé, il n'occupait aucune
fonction, mais ses interventions emportaient l'adhésion. C'était en quelque sorte l'éminence grise de la
loge. Un jour, quelqu'un murmura à l'oreille de Youssef: « Gérard est dix-huitième ! » À tout hasard,

 il fit une moue admirative. Mais le port de la cravate ne semblait pas une obligation pour tous. Le
premier surveillant s'habillait comme un pitre, en survêtement dépareillé, avec des tennis aux
couleurs vives. Ses planches tournaient autour de l'occultisme et de la magie des chiffres. Mais il
gravitait dans l'orbite de Gérard. L'autre apprenti lui avait révélé un jour que Silmo n'aimait ni les
Arabes ni les Juifs, et qu'il flirtait avec les idées du FN. Ces informations, il les tenait de l'orateur, un
Juif pied-noir comme lui.
Avec ses lunettes ovales et son élégance décontractée, il opta finalement pour le type intellectuel.
Le temps avait passé. Il se précipita vers le temple. Tout le monde était en place. Il mit son cordon et
son tablier à dominante bleue, et ses gants. Juste à temps. Le vénérable assénait un coup de maillet
autoritaire.
Youssef resta bouche bée. Il mit quelques secondes à réaliser. Le vénérable était le Juif pied-noir
de son atelier, autrefois orateur. Il est vrai que sa présence se faisait rare. L'ancien apprenti, devenu
maître en même temps que lui, l'excusait systématiquement pour raisons professionnelles.
Gilles Talibani sembla lui aussi surpris par la présence de Youssef. Mais il se reprit vite, et
lança le rituel de l'ouverture.
Bien que l'atmosphère fût dissipée, émaillée d'échanges frivoles, comme si les frères, se
retrouvant enfin entre eux, se libéraient d'un cérémonial sacrilège, El Kouhen redoublait d'efforts
pour se montrer irréprochable. Les pieds en équerre, la main droite bien relevée, collée à la gorge, il
donnait l'impression de vivre un moment d'une extrême solennité.
Ils se rassirent. Youssef privilégiait la colonne du nord pour mieux suivre les planches. Martine ne
pouvant s'asseoir que sur la colonne du midi, Florence resta à ses côtés. Leur maintien était
exemplaire. Le buste droit, les mains à plat sur les cuisses, le pouce et l'index formant un angle droit.
Dans une loge féminine, ce tableau l'impressionnait toujours.

 L'appel ne fit que confirmer ce qu'il pressentait. Jusqu'à la lettre s, tous les frères avaient un nom à
consonance juive, plutôt d'origine nord-africaine. Puis Ahmed Sidaoui se leva à l'appel de son nom.
Youssef se raidit. « Ainsi donc ce traître est un frangin, et en plus dans cette loge ! », maugréa-t-il.
Puis les visiteurs se présentèrent. Le nom de Florence suscita un intérêt non dissimulé. En se
présentant, tourné vers l'Orient, El Kouhen sentit converger vers lui des regards suspicieux.
Le vénérable pria le frère secrétaire de donner lecture du tracé des derniers travaux. Youssef se
concentra. Habituellement, c'était plutôt un moment de relâchement. Il écoutait d'une oreille distraite
ce compte rendu débité d'une voix monocorde, truffé de formules ésotériques, et levait machinalement
la main droite pour l'approuver.
Le secrétaire évoqua d'abord « les cinq minutes d'actualité du vénérable maître », sans entrer dans
les détails. La formulation semblait indiquer une coutume bien établie. Puis il entra dans le vif du
sujet.

La planche de la tenue précédente avait pour thème : « La question des réfugiés juifs des pays
arabes ». C'était une tenue blanche fermée. Le conférencier était un profane, auteur d'un livre portant
le même intitulé.
Pour un historien d'origine marocaine, le sujet semblait prometteur. Youssef se préparait à
savourer l'instant. Mais bien vite il déchanta. L'indignation le gagnait. Le tableau dressé par l'auteur
était apocalyptique. Des populations juives expulsées de leur pays, de tous les pays arabes sans
exception, dépouillées auparavant de leurs biens, munies à peine d'une valise. Certes, il y avait eu ici
ou là quelques excès, consécutifs aux tensions internationales. Mais la communauté juive du Maroc,
forte d'un demi-million d'âmes, avait vécu dans des conditions honorables. Les Juifs eux-mêmes le
reconnaissaient. C'est plutôt le Mossad qui avait utilisé toutes sortes de manoeuvres pour les faire
partir. El Kouhen se rappelait l'interview accordée par un écrivain juif d'origine marocaine à un
hebdomadaire libéral de Casablanca, dans laquelle il rappelait un fait assez méconnu. En 1955,
l'Agence juive avait négocié le soutien américain au Maroc dans ses pourparlers avec la France,
contre quarante-cinq mille Juifs. Et ses camions étaient partis les ramasser dans les campagnes
marocaines, sans leur demander leur avis, abandonnant sur place malades et vieillards. Une telle
distorsion historique n'était pas sans justification. Youssef commençait à comprendre. L'auteur faisait
le parallèle avec les réfugiés palestiniens. Et comme par hasard, le nombre des réfugiés juifs leur
était équivalent. S'il y avait un problème d'un côté, il n'en manquait pas de l'autre. Israël s'en sortait
même mieux sur le plan moral. Il s'était si bien occupé de ses réfugiés, alors que les pays arabes
avaient laissé leurs frères palestiniens croupir dans des camps. En conclusion, l'auteur en appelait
ouvertement à reprendre ces thèses au bénéfice d'Israël.
Youssef sombra dans l'engourdissement. Muselé par la discipline maçonnique. La voix du
secrétaire lui parvenait, lointaine et confuse. Les repères s'estompaient. Le coup de maillet le secoua.
Il leva machinalement la main droite. Quelques rires lui firent prendre conscience de sa bévue. Il
abaissa piteusement la main. Le vote pour l'adoption du tracé reprit normalement.
Le vénérable communiqua la suite de l'ordre du jour. Youssef crut percevoir un certain
triomphalisme. Déjà qu'il avait une voix assez martiale. C'étaient les cinq minutes d'actualité.
Gilles Talibani évoqua la politique intérieure israélienne, avec un luxe de détails que seuls les
connaisseurs pouvaient apprécier. On aurait dit un bulletin d'informations officiel. Tout ce que faisait
le gouvernement israélien était évidemment approuvé. Le vénérable termina sur l'excellence des
relations franco-israéliennes. Le président de la République fut salué comme un visionnaire. La
France avait abandonné sa politique « arabe ». Une attitude digne de la patrie des droits de l'homme.
Youssef El Kouhen fut sur le point de demander la parole, prétexter un malaise soudain, et partir.
Mais ce serait inquiéter inutilement son amie. Et Talibani se serait fait une joie de le dénigrer dans
leur propre atelier. On pourrait même le taxer d'antisémite. Au train où allaient les choses... Il se
prépara mentalement à affronter la suite. Se faire une idée exhaustive de ce qui se tramait ici. Vérifier
les rumeurs. Lui-même n'avait pas voulu y croire. Au Grand Orient ! Pourtant, il se trouvait bien dans
une loge ethniquement pure, politiquement orientée, et dont le nom prêtait à sourire.

Le vénérable annonça la lecture d'une planche. Le maître des cérémonies alla quérir le
conférencier, et le guida vers le plateau de l'orateur. C'était un homme d'une soixantaine d'années, à
l'apparence affable, presque frêle. Il faisait office de couvreur. Youssef en déduisit que ses fonctions
précédentes avaient été importantes.
De fait, Gilles Talibani l'accueillit avec beaucoup d'égards, rappelant son rôle essentiel dans la
création de L'Astre de la Paix, ses deux années de vénéralat, et son combat inlassable pour la défense
de la Communauté et la sécurité de l'Israël. Il lui donna enfin la parole en rappelant le sujet de la
planche « Compte rendu du voyage en Israël ».
André Scemama s'éclaircit la gorge, prononça la formule rituelle. Sa voix était plus assurée qu'on
ne l'aurait pensé. Youssef prit ses aises, imitant la plupart des frères, croisa les jambes, se reposa sur
l'accoudoir. Le souvenir lui revint en mémoire. Quelques mois auparavant, on avait fait lire un
communiqué dans les loges, invitant les frères et leurs amis à participer à ce voyage. Talibani avait
alors ajouté un commentaire de son cru, qui prenait ce soir tout son sens.
- Ce voyage est déjà le troisième que nous organisons, commença André Scemama, l'air satisfait.
L'idée paraissait une gageure. La loge était fondée depuis à peine deux ans. Nous cherchions le moyen
de faire participer des frères et des soeurs de différentes obédiences, ainsi que des profanes, à notre
engagement pour la paix. Et voyez ! Nous sommes passés de quarante à cent cinquante participants.
L'année prochaine, nous espérons être plus de deux cents.
« C'était essentiellement un voyage d'étude, dans le sens noble du terme. Les attaques entendues
ici ou là ne méritent pas d'être relevées. D'ailleurs, le quart environ des participants n'étaient pas
juifs. Des critiques furent exprimées. Nous avons eu des discussions ouvertes, avec des personnalités
d'horizons divers, et même de gauche.
« Nous n'avons qu'un seul parti pris, celui de la paix. N'en déplaise à nos détracteurs, qui préfèrent
s'enfermer dans une logique de conflit. C'est aussi la raison pour laquelle nous avons créé cette loge,
où toutes les opinions peuvent s'exprimer, je veux dire les opinions qui réfutent l'extrémisme et
militent pour la coexistence.
« Pourquoi un voyage organisé ? Rien ne vaut une visite sur le terrain. Les médias français, à la
recherche de sensationnel, montrent une réalité tronquée. Je ne dis pas fausse. Mais à force de ne voir
que des militaires lourdement armés d'un côté, et des enfants avec des pierres de l'autre, on aboutit à
une vision manichéenne.
« Or la réalité est plus complexe. Tout État a le devoir d'assurer la sécurité de ses citoyens.
Longtemps Israël fut menacé de destruction. Et cette menace n'a pas totalement disparu.
« Je vous en donne un exemple. On nous a fait visiter la barrière de sécurité. C'est une vision
terrible pour nous, qui vivons dans un monde pacifié depuis des décennies. On imagine aisément les
difficultés, voire les drames, que subissent les Palestiniens. Ces aspects n'ont pas été éludés. Nos
accompagnateurs ont été soumis à un feu nourri de questions. Mais les participants ont compris aussi

les besoins sécuritaires d'Israël. Grâce à la barrière, les attentats suicides ont diminué de 98%.
André Scemama marqua une pause, jeta un regard circulaire, but quelques gorgées. Plusieurs frères
dodelinaient béatement. Youssef reconnaissait au conférencier une dose de mauvaise foi habilement
travestie. Il changea de position, s'appuya sur l'autre accoudoir.
- Notre groupe, reprit Scemama, s'est aussi rendu à Bethléem. Nous y avons rencontré des
Palestiniens modérés, musulmans et chrétiens. Car la majorité des Palestiniens souhaitent vivre en
paix avec Israël. À côté d'Israël. Nous avons essayé d'établir un dialogue, de jeter les bases d'une
réconciliation. Car la guerre, en fin de compte, n'est souvent que le résultat d'une incompréhension
entre les peuples (El Kouhen faillit glisser de l'accoudoir), d'une méfiance entretenue par les
extrémistes. Il faut chercher à comprendre l'autre, rétablir des voies de communication, organiser des
événements communs. Ainsi, les conditions d'une vraie paix seront réunies, une paix durable, la paix
des coeurs.
« Le plus bel exemple nous a été fourni par Jérusalem. Quelle émotion ! Nous avions la chair de
poule. Voilà une ville unie, réunifiée, pour le bien de tous, où les trois grandes religions monothéistes
coexistent dans l'égalité et la liberté.
« Nous avions conscience d'assister à la marche de l'Histoire, de l'Histoire qui se fait, et qui lie
deux peuples meurtris. La paix est un processus difficile mais irréversible. C'est ce message d'espoir
que nous avons voulu rapporter, et que chaque participant s'est engagé à diffuser. La paix, c'est aussi
notre idéal. Notre loge, qui en porte le nom, en a fait sa mission principale. J'ai dit, vénérable maître.
On aurait pu entendre les applaudissements imaginaires, tant les visages exprimaient une
approbation enthousiaste. Youssef s'étonnait presque de cette retenue. Une entorse au rituel ne les
aurait pas gênés. Lui-même applaudissait mentalement la prestation. Mais pour d'autres raisons. Il en
était encore soufflé. Quelle belle leçon de démagogie ! Les Arabes en avaient encore beaucoup à
apprendre. Et de plus, le conférencier se montrait d'une modestie touchante. Il n'avait fait qu'apporter
sa petite pierre. Ses références à la paix résonnaient encore d'une sincérité poignante.
- Mon très cher frère André, dit Talibani, une fois l'exaltation quelque peu apaisée, un grand merci
pour ce magnifique compte rendu. Tu as su, comme toujours, faire preuve d'une objectivité
remarquable. Dans ta bouche, la paix redevient un objectif accessible. Il faudrait qu'il y ait, de part et
d'autre, plus d'hommes de bonne volonté. Et des initiatives courageuses. J'ai d'ailleurs donné mon
accord, au nom de notre atelier, pour soutenir une prochaine rencontre sportive entre de jeunes
Israéliens et Palestiniens. Nous en reparlerons. J'ai participé à ce voyage l'année dernière. Je sais à
quel point il est important. Il en faudrait plusieurs comme ça chaque année, pour consolider le désir
de paix. Mais nous sommes sur la bonne voie. La parole circule !
Il y a généralement un silence entre le coup de maillet autorisant la circulation de la parole et la
première demande. Mais là, plusieurs mains se levèrent d'un coup. L'impatience préfigurait la nature
des interventions. Youssef les guettait avec appréhension.

La désillusion était trop attendue pour qu'il se hérissât. Toutes les interventions allaient dans le
même sens. Ceux qui avaient fait le voyage dressaient un tableau dithyrambique. Un peuple
dynamique, solidaire et pacifique. Tous les secteurs de la société, de l'éducation à la santé, en
passant par l'environnement et l'habitat, étaient d'un niveau hors du commun. Et cela dans un climat
méditerranéen, avec des plages paradisiaques.
El Kouhen s'interrogeait sur ce qui les retenait dans leur patrie légale. Posséder les clés du
paradis, et rester au-dehors, ce n'était pas le moindre des paradoxes du « peuple élu ». S'il demandait
la parole, aurait-il l'outrecuidance de s'en moquer « fraternellement » ? Le temple risquait de prendre
des allures de fosse aux lions. Il venait juste ment d'enseigner ce chapitre à ses élèves. Il pourrait

dorénavant en élargir le sens.
La surenchère gagnait du terrain. Il rongeait son frein, ressassant ses arguments. On était déjà
sorti du cadre de la planche. Les intervenants défendaient le bon droit d'Israël, partout, tout le temps.
Seuls les médias s'acharnaient, pour des raisons évidents, sur cette petite démocratie entourée de
dictatures sanguinaires.
Même le frère arabe y alla de sa contribution, mielleux et grandiloquent, avec son accent bien
typé, entraînant des hochements de tête approbateurs, et des sourires condescendants.
Devant cette ferveur grandissante, El Kouhen se demandait s'ils n'allaient pas entonner l'hymne
israélien. Peut-être pendant la chaîne d'union. Il serait beau à voir, l'Arabe, encadré fermement par
deux sionistes. Là, promis juré, il couvrirait le temple.
Le vénérable était aux anges. Youssef ne l'avait jamais vu aussi radieux. Sa fonction y entrait
sûrement pour quelque chose. C'était un homme grand, bien bâti, la quarantaine dynamique, les
cheveux noirs soigneusement coiffés. Il dégageait une autorité naturelle. Dans leur loge pourtant,
France Unie, il semblait souvent sur ses gardes, traquant la moindre remarque équivoque. Les
accusations d'antisémitisme n'étaient jamais bien loin. Et toutes les manifestations de sympathie ne le
contentaient que partiellement. Son regard gardait une nuance de défiance. Il attendait le dérapage qui
ne venait pas, mais c'était tout comme.
El Kouhen lui trouvait des circonstances atténuantes. À lui comme à ses coreligionnaires. Ils
avaient beaucoup souffert. Mais tout de même ! La balance penchait nettement en leur faveur. Les
Juifs occupaient désormais une place de choix. Des sympathies au plus haut niveau de l'Etat. Le gratin
de la République au garde-à-vous au dîner annuel du CRIF. Au point de développer un sentiment
d'impunité empreint d'arrogance, et de vouloir réduire au silence les critiques d'Israël, en les
assimilant aux pires antisémites.
Il suffisait de le voir. Talibani jubilait. Encore une manoeuvre réussie contre les ennemis d'Israël.
Euphorique, il annonça presque avec regret : « Encore une ou deux interventions ». Youssef avait
l'impression que le vénérable le défiait. Comme s'il l'avait démasqué. Alors sa main droite jaillit
comme un ressort. Il se fit un silence hostile.

- Vénérable maître et vous tous mes frères et mes soeurs en vos grades et qualités. J'ai écouté
attentivement la planche. Elle ne manque pas d'intérêt. Il serait difficile de revenir point par point. Je
voudrais soulever une seule question. Et c'est le point de vue de l'historien. Les conflits ne relèvent
pas des sentiments. C'est plus profond et plus concret. Le conflit israélo-palestinien ne repose pas
que sur l'incompréhension entre deux peuples (Youssef fixait obstinément l'orient, ignorant les
regards chargés d'antipathie). À la base, il y a l'occupation et la colonisation. Et le refus d'Israël de
laisser les Palestiniens avoir leur État. La méfiance et l'incompréhension en sont la conséquence. Or
la planche semble ignorer cet élément fondamental (des grognements sourds lui parvenaient. Il
raffermit sa voix). Tous les conflits coloniaux ont eu plus ou moins la même configuration, et ne se
sont réglés qu'avec l'indépendance des peuples dominés. Entretenir l'illusion d'une solution fondée
sur la bonne volonté, en ignorant la réalité, ne fera qu'aggraver l'impasse, et le prix à payer pour la
paix sera encore plus lourd. J'ai dit, vénérable maître.

 El Kouhen se rassit, le regard rivé au sol. Les grondements se propageaient. Il sentait leur envie

d'en découdre. Le vénérable laissait faire, avec complaisance. Enfin il déclara :
- Mon frère, je te connais depuis quelques années. Nous appartenons à la même loge. Je connais
tes compétences professionnelles. Tu nous as fait des planches d'une grande qualité. Nous sommes
hélas ! confrontés à une situation douloureuse, surtout pour nous qui sommes originaires d'Afrique du
Nord, et qui gardons le souvenir d'une coexistence multiconfessionnelle. Vois-tu, c'est cette
communion que nous voulons retrouver. Si nous avons fondé cette loge, et je suis heureux que tu aies
pu la découvrir, c'est pour établir un lieu de dialogue et de rapprochement, dans un esprit de bonne
volonté. Ce n'est pas un lieu de confrontation, où chacun vient avec ses convictions pour les imposer
aux autres. C'est ainsi que nous réussirons. La paix est à la base de notre engagement. Je ne doute pas
de ta sincérité, mais tu comprendras que les considérations purement politiques ne sont pas
bienvenues dans ce temple. C'est un principe général d'ailleurs. Car nous devons nous élever dans un
esprit de concorde et de fraternité.
Réquisitoire implacable. Dans une arène surchauffée. El Kouhen imaginait les clameurs
vengeresses, les pouces tournés vers le bas. Que s'était-il imaginé ? Qu'il suffisait de rappeler les
principes du droit international et les leçons de l'Histoire ?
On l'avait bien remis à sa place. Il se sentait impuissant. Le vénérable avait clos la circulation de
la parole.
Il n'avait qu'une hâte. Que ça finisse. Il fit le mort. Se levant et se rasseyant, se mettant à l'ordre,
tapant dans ses mains, criant « Liberté égalité fraternité ! », mécaniquement, dans un état second, le
regard absent.
Ce n'était pas tant l'humiliation. Il était désespéré qu'on en fût là. Les paramètres du conflit
semblaient évidents. La solution raisonnable découlait de source. Lui substituer un antagonisme
ethnico-religieux le rendait quasiment insoluble. Ce ne pouvait être le fruit du hasard. L'adversaire
était d'un machiavélisme redoutable.
El Kouhen souffla. Il n'y eut pas de chaîne d'union. Pas de promiscuité hostile. On aurait pu lui
broyer les mains. Mais il ne saurait rien à propos de l'hymne israélien.
Les visiteurs présentèrent les salutations fraternelles de leurs loges respectives. Il marmonna les
siennes, en maudissant cette obligation.
Il tendit machinalement la main droite, balbutia le serment du secret. C'était vraiment la fin. Les
participants se délestaient de leurs décors, se congratulaient, s'embrassaient. Le cercle autour de lui
s'élargissait. On l'évitait comme un pestiféré.
Florence se rapprocha. Sobrement élégante, en pantalon clair et chemisier bleu. Son sourire
dissimulait une vague inquiétude.
- J'ai pas envie de rester aux agapes.
- C'est pas grave. Tu es fatigué ?
- Pas vraiment. Ce serait trop long à expliquer.
- Je t'accompagne ?
- Pas la peine. Reste avec Martine.
Elle essayait de deviner les raisons de ce revirement. Son ami avait la tête des mauvais jours. Elle
connaissait sa propension à la solitude. Il ne servait à rien d'insister. Elle serra furtivement sa main.
Le vénérable déboula à ce moment-là, et fit semblant de ne pas l'avoir remarqué.
- J'espère que vous restez aux agapes. Vous êtes nos invités, bien entendu.
- Je reste avec mon amie, répondit Florence. Notre frère ne se sent pas bien. Il doit rentrer.
- Oh ! Comme c'est dommage !
Youssef faisait des efforts. La coupe débordait. Il s'appliquait à ranger sa serviette. Une sensation
déplaisante lui fit tourner la tête. Le frère arabe le fixait d'un air méchant. Il choisit la fuite.
Se rendre à l'ambassade d'Israël le remplissait d'une grande fierté. À peine sorti du taxi, il bombait
le torse, levait les yeux vers la bâtiment et le drapeau. L'émotion l'étreignait. C'était plus fort que lui.
Le déploiement de forces le comblait particulièrement. C'était la marque d'une nation puissante.
Mais son bonheur ne connaissait plus de limites lorsqu'il atteignait les contrôles de sécurité. On
le reconnaissait. Gilles Talibani sortait rarement le laissez-passer. On l'accueillait avec des
exclamations en hébreu, et des clins d'oeil complices. Les barrières s'ouvraient facilement. Et
lorsqu'on lui remettait le badge intérieur, il avait le sentiment de se retrouver chez lui. Définitivement
chez lui.
Il n'avait plus besoin de se surveiller. Pas comme partout ailleurs. Même au Grand Orient.
Difficile de savoir réellement ce que les frères avaient dans le ventre. Ici, il n'y avait que des Juifs.
Et quels Juifs ! La crème de l'État juif. Ses agents dévoués. Des individus entiers, et sans fioritures.
Déterminés et rugueux, avec l'arrogance de ceux qui ne doutent ni de leur force ni de leur droit.
Ensemble ils recréaient une société miniature dans laquelle les différences s'estompaient. Simples
employés ou diplomates chevronnés. Plus de séfarades ni d'ashkénazes. Dans cette bulle protectrice,
ils formaient un bloc soudé, homogène, une forteresse dans le monde et contre lui. Là ils pouvaient se
livrer sans inhibition. On forçait sur l'exubérance. Ils oubliaient le pays d'accueil. Chacun laissait
derrière soi un environnement jugé hostile. Le monde entier leur était défavorable. Personne ne les
comprenait vraiment. Même les Américains, au fond... Et malgré les marques exagérées de sympathie,
ils se méfiaient des Européens, autrefois nationalistes et cyniques, aujourd'hui lâches et pacifistes,
prêts à se faire avaler par des hordes barbares. Toute sortie à Paris les accablait. Les foules
bigarrées, les couples mixtes, la décadence et l'hédonisme. L'Europe allait à sa perte. Eux se battaient
pour conserver leur pureté. Et incidemment pour la sauvegarde de l'Occident. Peut-être en vain. Le
travail à l'ambassade constituait un ressourcement. Le combat reprenait du sens. Cette atmosphère
faisait presque disparaître les tensions inhérentes aux relations professionnelles.
Gilles oubliait aussi son propre environnement, et l'identité qui lui collait à la peau. Ici il l'exhibait
fièrement, sans s'inquiéter à chaque instant de l'opinion d'autrui ni des regards inquisiteurs. En dehors
d'îlots rassurants la famille ou les associations juives le quotidien ne lui offrait que des motifs
d'insatisfaction : antisémitisme rampant et dénigrement d'Israël. De toutes façons, la France ne lui
inspirait plus confiance. L'islam gagnait inexorablement du terrain. Il imaginait le pire.
Une dernière bouffée d'inquiétude avant d'arriver à l'ambassade. Comme pour marquer le
passage de l'ombre à la lumière. Dans le taxi, il ne manquait pas de s'interroger sur la personnalité du
chauffeur. Avait-il percé son identité ? Le comble était de voir certains objets de culte musulman,
chapelet ou Coran miniature, se balançant en haut du pare-brise.
À l'intérieur, il dépassait le statut de visiteur pour intégrer le camp des maîtres des lieux. Il ne se
voyait pas comme les autres Juifs, que les Israéliens considèrent avec une aimable condescendance,
vu leur entêtement à jouir des délices de la diaspora. Ces Juifs français leur étaient certes utiles, et ils
ne manquaient pas une seule occasion d'exploiter leur patriotisme, mais le complexe de supériorité,
même modulé, semblait être leur seconde nature.
Talibani n'avait pas usurpé son statut. Ce n'étaient pas seulement ses états de service actuels. Il
avait rejoint, en volontaire, l'élite guerrière, la matrice qui fabriquait le nouvel homme israélien, sûr
de lui et conquérant, pétri d'audace et d'abnégation, et qui vengeait deux millénaires d'humiliations. À
dix-neuf ans, il s'était engagé à Tsahal, pour trois années pleines, et avait fini avec un profil élevé.
Quoi qu'il arrive, il était des leurs.
Uri Sulitzer ne pouvait le recevoir immédiatement. Un rendez-vous inopiné. On lui transmit le
message avec l'expression de connivence réservée aux initiés.
Il y avait un pool de trois secrétaires. Gilles s'assit à la table de la première assistante. C'était une
femme dans la quarantaine, sérieuse et appliquée, qui suscitait la compassion. Le statut de divorcée
n'est jamais facile à porter.
On lui apporta du café. Il alluma un cigarillo en soufflant bruyamment. C'était agréable d'ignorer
la loi. De toutes façons, il y avait l'immunité diplomatique.
Les deux autres secrétaires s'agitaient allégrement. Jeunes et désirables, la poitrine provocante, le
clin d'oeil facile, elles emplissaient l'atmosphère d'un parfum de sensualité. Il se sentit nostalgique de
sa période militaire, et de quelques aventures. Mais il se ressaisit en s'interdisant toute pensée
charnelle. Ils formaient une grande famille, et c'eût été toucher à quelque chose de sacré. Malgré son
détachement affecté, et dans l'ignorance de ses beaux sentiments, elles poursuivirent leurs petits jeux.
La porte s'ouvrit brusquement, et ce fut comme un ouragan. Avec une exclamation tonitruante,
Sulitzer attira Talibani dans ses bras. Il était moins grand mais plus rond. Les cheveux frisés, les yeux
pétillants. Il portait une cravate sur une chemise bleue. Les secrétaires roucoulaient devant tant
d'amitié virile. Il commanda du café à l'une des deux jeunes filles, en la complimentant exagérément.
Le bureau était grand, décoré comme un musée. Des photographies racontaient l'histoire du pays,
depuis l'époque mythique des pionniers, les grandes victoires militaires, et les dirigeants
charismatiques. Une partie était réservée à l'actualité culturelle, avec un accent particulier sur le
cinéma et la littérature. Affiches de films, portraits d'écrivains, salons et festivals. De nombreux
petits drapeaux parachevaient la touche patriotique.
Malgré ses nombreuses visites, Gilles ressentait à chaque fois une émotion particulière, proche de
la chair de poule. Il ne savait plus où donner de la tête. Les pionniers aux regards brûlants, la peau
tannée par le soleil, le fusil dans une main, l'autre enfonçant la charrue dans un sol rocailleux. Ou les
jeunes femmes en short, pulpeuses et innocentes. Ou le visage de prophète de Ben Gourion. Ou
l'expression victorieuse du général borgne. En y pénétrant la première fois - il y avait un autre attaché
culturel - les mots lui restèrent dans la gorge lorsqu'on sollicita sa collaboration. Il eut honte de
laisser croire à une hésitation.
Uri le laissa à sa contemplation. Le bureau faisait presque toujours la même impression sur les
visiteurs. Il rendit hommage au premier « diplomate-recruteur » qui avait eu cette idée lumineuse.
Talibani s'arrêta sur une affiche de cinéma dissimulant une porte. C'est par là que certains
visiteurs sortaient discrètement. Peut-être aussi celui qui l'avait précédé.
- Je viens d'engager un nouveau sayan.
- Ah ! La famille s'agrandit, se réjouit Talibani.
Il apprécia cette confidence spontanée. Malgré leur complicité, il évitait les commentaires, et
encore plus les questions. C'était un domaine sensible, ultra-confidentiel. Il lui suffisait d'avoir
confiance.
- Ce ne fut pas facile.
- Des états d'âme ?
- Comme tu dis. C'est quelqu'un qui travaille dans les médias, avec des positions de gauche bien
connues.
- Avec tout ça, dit Gilles en désignant le décor, il hésitait encore ?
d'en découdre. Le vénérable laissait faire, avec complaisance. Enfin il déclara :- Mon frère, je te connais depuis quelques années. Nous appartenons à la même loge. Je connaistes compétences professionnelles. 

Drunvalo Melchisédek

Melchizedek est né le 18 janvier 1941 (81 ans) à Alameda, Californie sous le nom de Bernard Donald Perona [8] [9] de Charles Perona et Minnie Ashton. [10] Il a changé son nom légalement en 1991, [8] bien que prétend que le personnage de Melchisédek est arrivé en 1972. [11]

Melchizedek a fréquenté l' Université de Californie à Berkeley , obtenant un baccalauréat en beaux-arts . De plus, il a affirmé avoir étudié la physique et les mathématiques, [12] même s'il n'y a aucune preuve de cela et qu'il ne détient aucune accréditation dans aucun de ces domaines. Il est cependant un chercheur de longue date [ citation nécessaire ] , il a vécu parmi les chamans et les peuples autochtones [ qui ? ] . Drunvalo a fait des recherches approfondies sur l'histoire et la culture anciennes. [ citation nécessaire ]

Revendications 

Cette section a besoin d'être agrandie . Vous pouvez aider en y ajoutant . ( janvier 2019 )

Les affirmations de Melchisédek sont vastes et variées, mais certains aspects sont plus importants. Les éléments communs impliquent la méditation hindoue , [14] le christianisme et d'autres religions abrahamiques [15] et leurs ramifications, en particulier la Kabbale . [16]

Géométrie Sacrée ou Fleur de Vie 

La géométrie sacrée est la croyance que les propriétés fondamentales de l'univers peuvent être quantifiées en formes et motifs simples. [14] Selon Melchisédek, la capacité de voir ces modèles a été cachée, jusqu'au moment où la technologie moderne a aidé à poursuivre l'évolution humaine et l'exploration de la conscience. [15]

Le cœur de cette géométrie est une grille de cercles superposés connue sous le nom de Fleur de Vie. [15] [14] [17]

Merkaba 

Merkaba ou Mer-Ka-Ba, variablement dit être un terme égyptien [18] ou un terme zoulou [16] (mais ressemble au mot hébreu pour "char" qui est associé au mysticisme Merkabah ), est une supposée énergie métaphysique invisible champ qui entoure le corps humain, composé de tétraèdres qui tournent autour du corps [ citation nécessaire ] . Un merkaba à rotation lente est considéré comme négatif. [18] Les humains modernes, dit-on, ont vu leur merkabas s'arrêter, et avec la "bonne" méditation, leur merkaba peut être restaurée, permettant l'ascension vers un état d'être supérieur, [19]que Melchisédek prétend avoir déjà atteint.

L'énergie de Merkaba est censée être détectable par la technologie artificielle [ citation nécessaire ] , comme par les satellites militaires, et est revendiquée [ par qui ? ] pour avoir été utilisé dans divers programmes gouvernementaux secrets.

Boxing Pythagoras , un blog de métaphysique critique, rejette les notions de "géométrie sacrée" de Drunvalo, soulignant qu'il n'y a rien de géométrique là-dedans : [14]

La "géométrie sacrée" de Drunvalo Melchizedek n'est pas de la géométrie. La géométrie ne se limite pas à dessiner de jolies formes et motifs. Des choses comme la fleur de vie sont absolument esthétiques, mais elles sont presque inutiles en termes de mathématiques. Elle n'apparaîtra non plus dans aucun manuel de géométrie moderne, car - malgré sa beauté - la Fleur de Vie est mathématiquement ennuyeuse. Il y a des constructions bien plus utiles à faire avec une règle et un compas.

Boxing Pythagoras appelle également l'utilisation des mathématiques par Melchisédek: [20] "Pour un livre qui est censé se concentrer principalement sur la géométrie, j'ai trouvé étonnamment peu d'informations mathématiques." Boxing Pythagoras souligne des erreurs dans la définition de Melchisédek du nombre transcendantal , de l'onde sinusoïdale et de la spirale dorée , et appelle l'utilisation de diverses tautologies géométriques comme significatives et un certain nombre de théories des nombres non fondées.

Le site Web de Dan Winter, maintenant détenu par le spirite concurrent Stan Tenen en raison d'un règlement judiciaire, [21] héberge une collection de correspondance détaillant un différend entre Melchizedek, Tenen et Winter sur le plagiat des œuvres de l'autre. [4] Tenen a suggéré que Winter l'avait plagié et Melchizedek a affirmé qu'un dessin dans le livre de Winter était en fait le sien. Tenen, cependant, affirme que Melchisédek et Winter travaillaient ensemble et continuaient tous les deux à plagier Tenen. L'animosité entre Tenen et les deux demeure.

Lorsque M. Winter dit qu'il a fait "très attention à ne montrer aucune forme de lettre de l'alphabet", [se référant à l'œuvre plagiée], il ment en laissant la fausse impression qu'il n'a pas montré ma (mes) sculpture(s). M. Winter a montré mes sculptures protégées par le droit d'auteur. L'alphabet, et/ou les lettres, ne sont pas le problème, et M. Winter a admis plus tard cette mauvaise orientation intéressée trop intelligente dans sa deuxième "confession".

Comme d'autres mystiques du New Age et d'autres mystiques spirituels au début des années 2010, Melchisédek a été critiqué pour son adoption et sa promotion du phénomène de 2012 . Selon Melchizedek, la kundalini de la Terre devait se déplacer pour la première fois en 13 000 ans, ce qui se serait produit en 2012. [22] Le spirite concurrent Jeremy Puma critique également les prédictions de Melchizedek en 2012. [23]

Christopher Zzenn Loren, adepte du New Age devenu critique, attaque Melchizedek pour son utilisation de ce que Loren appelle la "suggestion hypnotique" et le "langage déroutant" pour influencer le spectateur. "Il trouve des excuses pour des informations incorrectes et les accuse d' être humain. " Dans ses interactions personnelles avec Melchisédek alors qu'il était un adepte, Zzenn Loren pense que Melchisédek a fait des déclarations sur ses capacités, mais a ensuite soigneusement évité de les lui démontrer : [24]

Il m'a dit qu'il enseignait aux gens à matérialiser les pensées en matière directement dans la paume de leurs mains. J'ai décidé de dire "intéressant, j'aimerais voir ça. Pouvez-vous me montrer ?" Alors que je me tenais là à regarder ses mains, il a reculé pour le démontrer en parlant davantage de la façon dont c'est fait. J'ai pensé que si vous pouviez vraiment le faire, pourquoi pas dans la section des conserves de Safeway puisque Dieu est partout.

Buffalo Calf Woman, adepte d'un autre spirite, David Running Eagle, attaque Melchisédek comme "frauduleux" et le méprise en tant qu'adhérent à l'Ordre de Melchisédek en raison de son mercantilisme et de son profit : [25]

Drunvalo n'est pas Melchisédek. S'il l'était, l'argent ne jouerait pas un tel rôle dans sa vie, y compris son e-mail ci-dessous demandant de l'argent pour parler aux gens. Vraiment tellement inconvenant. Melchisédek sont disponibles pour le peuple. Il n'est disponible que si vous lui donnez de l'argent. Il est marchand d'argent.

De même, le Manataka American Indian Council affirme que Melchizedek, dans ses associations avec Adam DeArmon et son Institute for Cultural Awareness, [25] commet une appropriation culturelle de la spiritualité amérindienne, sans lien authentique avec ces cultures, et les exploite à des fins lucratives sous le les auspices de la collecte de fonds : [26]

[Un] associé de DeArmon... Melchisédek dit sur son site Web que "Chaque centime que vous avez donné à l'ICA, que ce soit pour des billets ou des dons, est allé aux anciens sous forme de billets d'avion, de bus, d'abri, de nourriture, etc. .." ... Même si de nombreux conférenciers invités se sont rendus à l'événement, supposons que 100 billets d'avion ont été achetés à un coût extrêmement élevé... Cela laisse plus d'un million de dollars pour nourrir et loger les conférenciers. Des témoins oculaires disent que les aînés invités suppliaient les participants de leur acheter des couvertures parce qu'ils avaient froid parce qu'ils étaient restés dans des quartiers de fortune [ sic ] et beaucoup se sont plaints aux participants qu'ils avaient faim.

La chanson Tool " Forty Six & 2 " fait référence à l'affirmation de Melchisédek selon laquelle une fois que toute l'humanité aura restauré sa merkaba, la race humaine évoluera vers un stade supérieur, dans lequel la race humaine acquerra deux chromosomes supplémentaires. [27] [28]

La version 3 du jeu prolongé de Willow Smith explore des concepts mystiques inspirés de Melchisédek. [29] [30]

Brent Bolthouse répertorie le travail de Drunvalo parmi ses équipements d'espace de travail. [31]

La galerie Merkabah à Manguinhos, au Brésil, tire son nom des affirmations de Melchisédek. [32]

Cabale

Kabbalistes juifs représentés en 1641; gravure sur bois sur papier. Bibliothèque de l'Université de Saxe , Dresde .Livre de prières kabbalistiques d' Italie , 1803. Musée juif de Suisse , Bâle .

La Kabbale (hébreu : קַבָּלָה Qabbālā , littéralement "réception, tradition" [1] ou "correspondance" [2] : 3  ) est une méthode ésotérique , une discipline et une école de pensée dans le mysticisme juif . [3] Un kabbaliste traditionnel dans le judaïsme est appelé un Mekubbal ( מְקוּבָּל Məqūbbāl ). [3] La définition de la Kabbale varie selon la tradition et les objectifs de ceux qui la suivent, [4] de son origine dans le judaïsme médiéval à ses adaptations ultérieures dans l'ésotérisme occidental (Kabbale chrétienne et Kabbale hermétique ). La Kabbale juive est un ensemble d'enseignements ésotériques destinés à expliquer la relation entre le Dieu éternel et immuable - le mystérieux Ein Sof ( אֵין סוֹף , "L'Infini" ) [5] [6] - et l' univers mortel et fini (la création de Dieu ). [3] [5] Il forme le fondement des interprétations religieuses mystiques au sein du judaïsme. [3] [7]

Les kabbalistes juifs ont développé à l'origine leur propre transmission de textes sacrés dans le domaine de la tradition juive [3] [7] et utilisent souvent les écritures juives classiques pour expliquer et démontrer ses enseignements mystiques. Ces enseignements sont tenus par les kabbalistes pour définir la signification profonde de la Bible hébraïque et de la littérature rabbinique traditionnelle et leur dimension transmise autrefois cachée, ainsi que pour expliquer la signification des observances religieuses juives. [8]

Les praticiens traditionnels croient que ses origines les plus anciennes sont antérieures aux religions du monde, formant le modèle primordial des philosophies, des religions, des sciences, des arts et des systèmes politiques de la Création. [9] Historiquement, la Kabbale a émergé de formes antérieures de mysticisme juif , dans l'Espagne du 12ème au 13ème siècle et dans le sud de la France, [3] [7] et a été réinterprétée pendant la renaissance mystique juive dans la Palestine ottomane du 16ème siècle . [3] Le Zohar , le texte fondateur de la Kabbale, a été composé à la fin du XIIIe siècle. Isaac Luria (XVIe siècle) est considéré comme le père de la Kabbale contemporaine ; La Kabbale lurianique a été popularisée sous la forme deJudaïsme hassidique à partir du XVIIIe siècle. [3] Au cours du 20e siècle, l'intérêt académique pour les textes kabbalistiques mené principalement par l'historien juif Gershom Scholem a inspiré le développement de la recherche historique sur la Kabbale dans le domaine des études judaïques .

Selon le Zohar , texte fondateur de la pensée kabbalistique [12] , l'étude de la Torah peut se dérouler selon quatre niveaux d'interprétation ( exégèse ). [13] [14] Ces quatre niveaux sont appelés pardes à partir de leurs lettres initiales (PRDS hébreu : פַּרדֵס , verger).

  • Peshat ( hébreu : פשט lit. "simple") : les interprétations directes du sens. [15]
  • Remez ( hébreu : רֶמֶז allumé "indice [s]") : les significations allégoriques (par allusion ).
  • Derash (hébreu : דְרָשׁ de l'héb. darash : "se renseigner" ou "chercher") : significations midrashiques (rabbiniques), souvent avec des comparaisons imaginatives avec des mots ou des versets similaires.
  • Sod (hébreu : סוֹד lit. « secret » ou « mystère ») : les significations intérieures, ésotériques ( métaphysiques ), exprimées dans la kabbale.

La Kabbale est considérée par ses adeptes comme une partie nécessaire de l'étude de la Torah - l'étude de la Torah (le Tanakh et la littérature rabbinique) étant un devoir inhérent des Juifs pratiquants. [16]

L'étude académique et historique moderne du mysticisme juif réserve le terme «kabbale» pour désigner les doctrines particulières et distinctives qui ont émergé textuellement pleinement exprimées au Moyen Âge, par opposition aux concepts et méthodes mystiques Merkabah antérieurs. [17] Selon cette catégorisation descriptive, les deux versions de la théorie kabbalistique, la kabbale médiévale-zoharique et la kabbale lurianique du début de la modernité comprennent ensemble la tradition théosophique de la kabbale, tandis que la kabbale méditative - extatique incorpore une tradition médiévale interdépendante parallèle. Une troisième tradition, apparentée mais plus évitée, implique les buts magiques de la Kabbale pratique .Moshe Idel , par exemple, écrit que ces 3 modèles de base peuvent être discernés opérant et concurrents tout au long de l'histoire de la mystique juive, au-delà du contexte kabbalistique particulier du Moyen Âge. [18] Ils peuvent être facilement distingués par leur intention fondamentale à l'égard de Dieu :

  • La tradition théosophique ou théosophique - théurgique de la Kabbale théorique (l'objectif principal du Zohar et de la Luria) cherche à comprendre et à décrire le royaume divin en utilisant les symboles imaginatifs et mythiques de l'expérience psychologique humaine. En tant qu'alternative conceptuelle intuitive à la philosophie juive rationaliste , en particulier à l'aristotélisme de Maïmonide , cette spéculation est devenue le courant central de la Kabbale et la référence habituelle du terme "kabbale". Sa théosophieimplique également l'influence théurgique innée et d'importance centrale de la conduite humaine pour racheter ou endommager les royaumes spirituels, car l'homme est un microcosme divin et les royaumes spirituels le macrocosme divin. Le but de la kabbale théosophique traditionnelle était de donner à l'ensemble de la pratique religieuse juive normative ce sens métaphysique mystique
  • La tradition méditative de la Kabbale extatique (illustrée par Abraham Abulafia et Isaac d'Acre ) s'efforce de parvenir à une union mystique avec Dieu, ou à l'annulation du méditant dans l' intellect actif de Dieu . La « Kabbale prophétique » d'Abraham Abulafia en était l'exemple suprême, bien que marginal dans le développement kabbalistique, et son alternative au programme de la Kabbale théosophique. Méditation abulafienne fondée sur la philosophie de Maïmonide, dont les partisans sont restés la menace rationaliste pour les kabbalistes théosophiques
  • La tradition Magico-Talismanique de la Kabbale Pratique (dans des manuscrits souvent non publiés) s'efforce de modifier à la fois les royaumes Divins et le Monde en utilisant des méthodes pratiques . Alors que les interprétations théosophiques du culte voient son rôle rédempteur comme l'harmonisation des forces célestes, la Kabbale pratique impliquait à juste titre des actes de magie blanche et n'était censurée par les kabbalistes que pour ceux dont l'intention était complètement pure, car elle se rapporte aux royaumes inférieurs où la pureté et l'impureté sont mélangées. Par conséquent, il a formé une tradition mineure distincte évitée de la Kabbale. La Kabbale pratique a été interdite par l'Arizal jusqu'à ce que le Temple de Jérusalem soit reconstruit et que l'état requis de pureté rituelle soit atteint. [2] : 31 

Selon la croyance kabbalistique, les premières connaissances kabbalistiques ont été transmises oralement par les patriarches, les prophètes et les sages, pour finalement être "entrelacées" dans les écrits et la culture religieux juifs. Selon ce point de vue, la Kabbale primitive était, vers le 10ème siècle avant notre ère, une connaissance ouverte pratiquée par plus d'un million de personnes dans l'ancien Israël. [19] Les conquêtes étrangères ont poussé la direction spirituelle juive de l'époque (le Sanhédrin ) à cacher la connaissance et à la rendre secrète, craignant qu'elle ne soit mal utilisée si elle tombait entre de mauvaises mains. [20]

Il est difficile de clarifier avec certitude les concepts exacts de la Kabbale. Il existe plusieurs écoles de pensée différentes avec des perspectives très différentes; cependant, tous sont acceptés comme corrects. [21] Les autorités halakhiques modernes ont tenté de réduire la portée et la diversité au sein de la kabbale, en limitant l'étude à certains textes, notamment le Zohar et les enseignements d'Isaac Luria transmis par Hayyim ben Joseph Vital . [22] Cependant, même cette qualification ne limite guère la portée de la compréhension et de l'expression, car ces ouvrages comprennent des commentaires sur les écrits abulafiens, le Sefer Yetzirah , les écrits albotoniens et le Berit Menuhah , [23]qui est connue des élus kabbalistiques et qui, comme l'a décrit plus récemment Gershom Scholem , combinait l'extase avec le mysticisme théosophique. Il est donc important de garder à l'esprit lorsque l'on discute de choses telles que les sephirot et leurs interactions que l'on a affaire à des concepts très abstraits qui, au mieux, ne peuvent être compris qu'intuitivement. [24]

À partir de la Renaissance , les textes de la Kabbale juive sont entrés dans la culture non juive, où ils ont été étudiés et traduits par des hébraïsants chrétiens et des occultistes hermétiques . [25] Les traditions syncrétiques de la Cabale chrétienne et de la Kabbale hermétique se sont développées indépendamment de la Kabbale judaïque, lisant les textes juifs comme une sagesse antique universaliste préservée des traditions gnostiques de l'Antiquité. Tous deux ont librement adapté les concepts juifs à partir de leur compréhension juive, pour fusionner avec de multiples autres théologies, traditions religieuses et associations magiques. Avec le déclin de Christian Cabala à l' âge de raison, la Kabbale hermétique s'est poursuivie comme une tradition souterraine centrale dans l'ésotérisme occidental . Grâce à ces associations non juives avec la magie, l' alchimie et la divination, la Kabbale a acquis des connotations occultes populaires interdites dans le judaïsme, où la Kabbale pratique théurgique juive était une tradition mineure et autorisée restreinte à quelques élites. Aujourd'hui, de nombreuses publications sur la Kabbale appartiennent aux traditions non juives du Nouvel Âge et occultes de la Cabale, plutôt que de donner une image précise de la Kabbale judaïque. [26] Au lieu de cela, les publications juives académiques et traditionnelles traduisent et étudient maintenant la Kabbale judaïque pour un large lectorat.

Selon la compréhension kabbalistique traditionnelle, la Kabbale date d'Eden. [27] Il est venu d'un passé lointain comme une révélation pour élire les tzadikim (personnes justes) et, pour la plupart, n'a été préservé que par quelques privilégiés. Le judaïsme talmudique enregistre son point de vue sur le protocole approprié pour enseigner les secrets dans le Talmud , Tractate Hagigah , 11b-13a, "On ne devrait pas enseigner... le travail de la Création par paires, ni le travail du Chariot à un individu, à moins qu'il est sage et peut comprendre les implications lui-même, etc." [28]

L'érudition contemporaine suggère que diverses écoles d'ésotérisme juif sont apparues à différentes périodes de l'histoire juive, chacune reflétant non seulement des formes antérieures de mysticisme , mais aussi le milieu intellectuel et culturel de cette période historique. Les réponses aux questions de transmission, de lignée, d'influence et d'innovation varient considérablement et ne peuvent pas être facilement résumées.

À l'origine, la connaissance kabbalistique était considérée comme faisant partie intégrante de la Torah orale , donnée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï vers le 13ème siècle avant notre ère selon ses adeptes; bien que certains croient que la Kabbale a commencé avec Adam . [27]

Pendant quelques siècles, la connaissance ésotérique a été désignée par son aspect pratique - la méditation Hitbonenut ( hébreu : הִתְבּוֹנְנוּת ), [29] Rabbi Na'hman de l' Hitbodedout de Breslov ( hébreu : הִתְבּוֹדְדוּת ), traduit par « être seul » ou « s'isoler » , ou par un terme différent décrivant le but réel et désiré de la pratique - la prophétie (" NeVu'a " Hébreu : נְבוּאָה ). L'érudit kabbalistique Aryeh Kaplan retrace les origines des méthodes méditatives kabbalistiques médiévalesà leur héritage des vestiges transmis oralement de la tradition prophétique biblique , et reconstruit leur terminologie et leurs techniques spéculées. [30]

À partir du 5ème siècle avant notre ère, lorsque les œuvres du Tanakh ont été éditées et canonisées et que les connaissances secrètes ont été cryptées dans les divers écrits et rouleaux ("Megilot"), la connaissance ésotérique est devenue Ma'aseh Merkavah ( hébreu : מַעֲשֶׂה מֶרְכָּבָה ) [ 31] et Ma'aseh B'reshit ( hébreu : מַעֲשֶׂה בְּרֵאשִׁית ), [32] respectivement "l'acte du Chariot" et "l'acte de la Création". Le mysticisme Merkabah fait allusion à la connaissance cryptée et aux méthodes de méditation dans le livre du prophète Ezéchieldécrivant sa vision du "char divin". Le mysticisme B'reshit faisait référence au premier chapitre de la Genèse ( hébreu : בְּרֵאשִׁית ) dans la Torah qui contiendrait les secrets de la création de l'univers et des forces de la nature. Ces termes ont reçu leur documentation historique ultérieure et leur description dans le deuxième chapitre du traité talmudique Hagigah des premiers siècles de notre ère.

La confiance dans la nouvelle révélation prophétique s'est fermée après le retour biblique de Babylone dans le judaïsme du Second Temple , passant à la canonisation et à l' exégèse des Écritures après Ezra le Scribe . La prophétie de niveau inférieur de Ruach Hakodesh est restée, avec des révélations angéliques, des secrets célestes ésotériques et une délivrance eschatologique de l'oppression grecque et romaine de la littérature apocalyptique parmi les premiers cercles proto-mystiques juifs, tels que le Livre de Daniel et la communauté des manuscrits de la mer Morte de Qumran . Mystique juive primitivela littérature a hérité des préoccupations en développement et des vestiges des judaïsmes prophétiques et apocalyptiques.

Lorsqu'elle est lue par les générations suivantes de kabbalistes, la description de la Torah de la création dans le livre de la Genèse révèle des mystères sur Dieu lui-même, la vraie nature d'Adam et Eve, le jardin d'Eden ( hébreu : גַּן עֵדֶן ), l' arbre de la connaissance du bien et le Mal ( hébreu : עֵץ הַדַּעַת שֶׁל טוֹב וְרַע ), et l' Arbre de Vie ( hébreu : עֵץ חַיִּים ), ainsi que l'interaction de ces entités surnaturelles avec le Serpent ( hébreu : נָחָשׁ ), qui mène au désastre fruit défendu (Hébreu : פְּרִי עֵץ הַדַּעַת ), tel qu'enregistré dans Genèse 3 . [33]

La Bible fournit amplement de matériel supplémentaire pour la spéculation mythique et mystique. [ citation nécessaire ] Les visions du prophète Ézéchiel en particulier ont attiré beaucoup de spéculations mystiques , tout comme la vision du Temple d' Isaïe . D'autres événements mystiques incluent la vision de Jacob de l' échelle vers le ciel , et les rencontres de Moïse avec le buisson ardent et Dieu sur le mont Sinaï . [ citation nécessaire ]

Le nom de 72 lettres de Dieu qui est utilisé dans le mysticisme juif à des fins de méditation [ citation nécessaire ] est dérivé de l'énoncé verbal hébreu [ clarification nécessaire ] Moïse a parlé en présence d'un ange, tandis que la mer de roseaux s'est séparée, permettant aux Hébreux de échapper à leurs agresseurs qui approchent. [ la citation nécessaire ] Le miracle de l'Exode, qui a conduit Moïse à recevoir les Dix Commandements et la vision juive orthodoxe de l'acceptation de la Torah au mont Sinaï, a précédé la création de la première nation juive environ trois cents ans avant le roi Saül . [citation nécessaire ]

Époque talmudique 

Tombe de Rabbi Akiva à Tibériade . Il figure dans la littérature mystique Hekhalot, et comme l'un des quatre qui sont entrés dans le PardesLa tombe de Shimon bar Yochai à Meron avant 1899. Tanna talmudique , il est le maître mystique de l'œuvre kabbalistique centrale, le Zohar

Au début du judaïsme rabbinique (les premiers siècles du 1er millénaire de notre ère), les termes Ma'aseh Bereshit («Œuvres de la création») et Ma'aseh Merkabah («Œuvres du trône divin / char») indiquent clairement la nature midrashique de ces spéculations; ils sont vraiment basés sur Genèse 1 et Ezéchiel 1: 4-28, tandis que les noms Sitrei Torah (aspects cachés de la Torah) (Talmud Hag. 13a) et Razei Torah (secrets de la Torah) ( Ab. vi. 1) indiquent leur caractère comme tradition secrète.

La doctrine talmudique interdit l'enseignement public des doctrines ésotériques et met en garde contre leurs dangers. Dans la Mishnah (Hagigah 2:1), les rabbins ont été avertis de n'enseigner les doctrines mystiques de la création qu'à un étudiant à la fois. [34] [35] Pour souligner le danger, dans une anecdote aggadique ("légendaire") juive, quatre éminents rabbins de la période mishnaïque (1er siècle de notre ère) auraient visité le verger (c'est-à-dire le paradis, pardes , hébreu : פרדס lit., verger ): [3

Quatre hommes sont entrés dans les parades - Ben Azzai, Ben Zoma, Acher (Elisha ben Abuyah ) et Akiba. Ben Azzai regarda et mourut ; Ben Zoma regarda et devint fou ; Acher a détruit les plantes; Akiba est entré en paix et est parti en paix.

Dans les lectures notables de cette légende, seul Rabbi Akiba était apte à gérer l'étude des doctrines mystiques. Les Tossafot , commentaires médiévaux sur le Talmud, disent que les quatre sages « ne montaient pas littéralement, mais il leur apparaissait comme s'ils montaient ». [37] D'autre part, Louis Ginzberg , écrit dans l' Encyclopédie juive (1901-1906) que le voyage au paradis "est à prendre littéralement et non allégoriquement". [38]

Contrairement aux kabbalistes, Maïmonide interprète les pardes comme de la philosophie et non du mysticisme.

Les méthodes mystiques et les doctrines des textes Hekhalot ("Chambres Célestes") et Merkabah ("Chariot Divin"), nommés par les érudits modernes à partir de ces motifs répétés, ont duré du 1er siècle avant notre ère au 10ème siècle de notre ère, avant de céder la place au émergence manuscrite documentée de la Kabbale. On disait que les initiés "descendaient du char", peut-être une référence à l'introspection interne sur le voyage céleste à travers les royaumes spirituels. Le but ultime était d'arriver devant la crainte transcendante, plutôt que la proximité, du Divin. Les protagonistes mystiques des textes sont de célèbres Sages talmudiques du judaïsme rabbinique, soit pseudépigraphiquesou documenter les vestiges d'une tradition développée. Du VIIIe au XIe siècle, les textes Hekhalot et le Sefer Yetzirah proto-kabbalistique cosmogonique ("Livre de la Création") ont fait leur chemin dans les cercles juifs européens. Un travail ésotérique controversé de la littérature associée décrivant un Anthropos cosmique, Shi'ur Qomah , a été interprété de manière allégorique par les kabbalistes ultérieurs dans leur méditation sur la Person divine Sephirot .

Hassidei Ashkenaz 

Un autre mouvement mystique, théosophique et pieux distinct et influent, peu avant l'arrivée de la théorie kabbalistique, était les " Hasidei Ashkenaz " (חסידי אשכנז) ou piétistes allemands médiévaux de 1150 à 1250. Ce mouvement éthique-ascétique avec une élite théorique et pratique Les spéculations sur la Kabbale ont surgi principalement au sein d'une seule famille de savants, la famille Kalonymus de la Rhénanie française et allemande. Son éthique juive de saint sacrifice de soi a influencé la communauté juive ashkénaze , la littérature musar et plus tard l'accent mis sur la piété dans le judaïsme.

Les érudits modernes ont identifié plusieurs confréries mystiques qui ont fonctionné en Europe à partir du 12ème siècle. Certains, comme le "Iyyun Circle" et le "Unique Cherub Circle", étaient véritablement ésotériques, restant largement anonymes. La première émergence historique documentée de la doctrine kabbalistique théosophique s'est produite parmi les sages juifs de Provence et du Languedoc dans le sud de la France à la fin des années 1100, avec l'apparition ou la consolidation de l'ouvrage mystérieux le Bahir (Livre de la "luminosité"), un midrash décrivant les attributs sephirot de Dieu comme un drame hypostatique interactif dynamique dans le royaume divin, et l'école d' Isaac l'Aveugle(1160-1235) parmi les critiques de l'influence rationaliste de Maïmonide . De là, la Kabbale s'est répandue en Catalogne dans le nord-est de l'Espagne autour de la figure rabbinique centrale de Nahmanide (le Ramban ) (1194-1270) au début des années 1200, avec une orientation néoplatonicienne centrée sur les sephirot supérieures. Par la suite, la doctrine kabbalistique a atteint son expression classique la plus complète parmi les kabbalistes castillans de la fin des années 1200, avec la littérature Zohar (Livre de la "Splendeur"), concernée par la guérison cosmique des dualités gnostiques entre les attributs masculins et féminins inférieurs révélés de Dieu.

Les Rishonim ("Anciens Sages") du judaïsme exotérique qui étaient profondément impliqués dans l'activité kabbalistique, ont donné à la Kabbale une large acceptation scientifique, y compris Nahmanides et Bahya ben Asher ( Rabbeinu Behaye ) (mort en 1340), dont les commentaires classiques sur la Torah font référence à l'ésotérisme kabbalistique.

De nombreux juifs orthodoxes rejettent l'idée que la Kabbale a subi un développement ou un changement historique important comme cela a été proposé ci-dessus. Après que la composition connue sous le nom de Zohar a été présentée au public au 13ème siècle, le terme "Kabbale" a commencé à se référer plus spécifiquement aux enseignements dérivés ou liés au Zohar . À une époque encore plus tardive, le terme a commencé à être généralement appliqué aux enseignements zohariques tels qu'élaborés par Isaac Luria (l'Arizal). Les historiens datent généralement le début de la Kabbale comme une influence majeure dans la pensée et la pratique juives avec la publication du Zohar et culminant avec la diffusion des enseignements lurianiques. La majorité des juifs Haredi acceptent le Zohar comme représentant du Ma'aseh Merkavahet Ma'aseh B'reshit qui sont mentionnés dans les textes talmudiques. [40]

Kabbale extatique 

Contemporain de l'efflorescence zoharique de la Kabbale théosophico-théurgique espagnole, l'exilarque espagnol Abraham Abulafia a développé sa propre alternative, le système maïmonidien de méditation extatique-prophétique de la Kabbale , chacun consolidant les aspects d'une tradition mystique héritée revendiquée des temps bibliques. [41] C'était l'époque classique où diverses interprétations différentes d'une signification ésotérique de la Torah étaient articulées parmi les penseurs juifs. [42] Abulafia a interprété les attributs Sephirot Divins de la Kabbale Théosophique, non comme des hypostases célestes auxquelles il s'est opposé, mais en termes psychologiques. Au lieu d'influencer l'harmonie dans le réel divin enthéurgie , son schéma méditatif visait l'union mystique avec Dieu, attirant l'influx prophétique sur l'individu. Il considérait cette méditation utilisant les noms divins comme une forme supérieure de l'ancienne tradition kabbalistique. Sa version de la Kabbale, suivie dans la Méditerranée orientale médiévale, est restée un courant marginal pour intégrer le développement de la Kabbale théosophique. Des éléments abulafiens ont ensuite été incorporés dans les systématisations kabbalistiques théosophiques du XVIe siècle de Moïse Cordovero et Hayim Vital . À travers eux, le judaïsme hassidique ultérieur a incorporé des éléments d' unio mystica et de concentration psychologique d'Abulafia.

À la suite des bouleversements et des dislocations du monde juif à la suite de l'antijudaïsme au Moyen Âge , et du traumatisme national de l' expulsion d'Espagne en 1492, fermant l' épanouissement juif espagnol , les Juifs ont commencé à rechercher des signes du moment où le long- le Messie juif attendu viendrait les consoler dans leurs exils douloureux. Au XVIe siècle, la communauté de Safed en Galilée devient le centre des développements mystiques, exégétiques, juridiques et liturgiques juifs. Les mystiques de Safed ont répondu à l'expulsion espagnole en tournant la doctrine et la pratique kabbalistiques vers une orientation messianique. Moïse Cordovero (Le RAMAK1522-1570) et son école ont popularisé les enseignements du Zohar qui n'avaient jusqu'alors été qu'une œuvre restreinte. Les travaux complets de Cordovero ont réalisé la première (quasi-rationaliste) des deux systématisations de la Kabbale théosophique, harmonisant les interprétations précédentes du Zohar selon ses propres termes apparents. L'auteur du Shulkhan Arukh (le "Code de loi" juif normatif), Yosef Karo (1488-1575), était également un érudit de la Kabbale qui tenait un journal mystique personnel. Moshe Alshich a écrit un commentaire mystique sur la Torah et Shlomo Alkabetz a écrit des commentaires et des poèmes kabbalistiques.

Le messianisme des mystiques de Safed a culminé lorsque la Kabbale a reçu sa plus grande transformation dans le monde juif avec l'explication de sa nouvelle interprétation d'Isaac Luria (L' ARI 1534-1572), par ses disciples Hayim Vital et Israel Sarug . Les deux ont transcrit les enseignements de Luria (sous des formes variantes), ce qui leur a valu une grande popularité, Sarug emmenant la Kabbale lurianique en Europe, Vital étant l'auteur de la dernière version canonique. Les enseignements de Luria en sont venus à rivaliser avec l'influence des positions du Zohar et de Luria, aux côtés de Moïse de Leon, en tant que mystique le plus influent de l'histoire juive. [43]La Kabbale lurianique a donné à la Kabbale théosophique sa deuxième, complète (supra-rationnelle) de deux systématisations, lisant le Zohar à la lumière de ses sections les plus ésotériques (l' Idrot ), remplaçant les attributs Sephirot brisés de Dieu par des Partsoufim rectifiés (Personnes divines), embrassant la réincarnation , réparation , et l'urgence du messianisme juif cosmique dépendant des tâches de l'âme de chacun.

Influence sur la société non juive 

À partir de la Renaissance européenne , la Kabbale judaïque est devenue une influence significative dans la culture non juive, complètement séparée de la tradition judaïque évoluant séparément. La Kabbale a suscité l'intérêt des érudits et occultistes chrétiens hébraïsants , qui l'ont librement syncrétisée et adaptée aux diverses traditions spirituelles non juives et aux systèmes de croyance de l'ésotérisme occidental . [44] Les cabalistes chrétiens des XVe au XVIIIe siècles ont adapté ce qu'ils considéraient comme l'ancienne sagesse biblique à la théologie chrétienne, tandis que l'hermétisme a conduit à l'incorporation de la Kabbale dans la magie occidentale par le biais de la Kabbale hermétique . [45] Les présentations de la Kabbale dans les livres occultes et New Age sur la Kabbale ressemblent peu à la Kabbale judaïque. [46]

Interdiction d'étudier la Kabbale 

L'interdiction rabbinique d'étudier la Kabbale dans la société juive a été levée par les efforts du kabbaliste du XVIe siècle Avraham Azulai (1570-1643).

J'ai trouvé écrit que tout ce qui a été décrété ci-dessus interdisant l'implication ouverte dans la Sagesse de la Vérité [Kabbale] était [uniquement destiné à] la période de temps limitée jusqu'à l'an 5250 (1490 CE). Dès lors, l'après s'appelle la "Dernière Génération", et ce qui était interdit est [maintenant] autorisé. Et la permission est accordée de nous occuper de [l'étude du] Zohar. Et à partir de l'an 5300 (1540 CE), il est très souhaitable que les masses, grandes et petites [dans la Torah], s'occupent [dans l'étude de la Kabbale], comme il est dit dans la Raya M'hemna [une section de le Zohar]. Et parce que dans ce mérite le roi Machia'h viendra à l'avenir - et non dans aucun autre mérite - il n'est pas convenable de se décourager [de l'étude de la Kabbale]. [47]

La question, cependant, est de savoir si l'interdiction a jamais existé en premier lieu. [ selon qui ? ] Concernant la citation ci-dessus d'Avraham Azulai, elle a trouvé de nombreuses versions en anglais, une autre est celle-ci

À partir de l'année 1540 et au-delà, les niveaux de base de la Kabbale doivent être enseignés publiquement à tous, jeunes et moins jeunes. Ce n'est que par la Kabbale que nous éliminerons à jamais la guerre, la destruction et l'inhumanité de l'homme envers son prochain. [48]

Les lignes concernant l'année 1490 sont également absentes de l'édition hébraïque de Hesed L'Avraham , l'ouvrage source dont ces deux citations sont issues. De plus, selon Azulai, l'interdiction a été levée trente ans avant sa naissance, une période qui aurait correspondu à la publication par Haim Vital de l'enseignement d'Isaac Luria. Moshe Isserles a compris qu'il n'y avait qu'une restriction mineure, selon ses propres termes, "Le ventre doit être plein de viande et de vin, discernant entre l'interdit et le permis." [49] Il est soutenu par le Bier Hetiv, le Pithei Techouva ainsi que le Vilna Gaon. Le Vilna Gaon dit: "Il n'y a jamais eu d'interdiction ou de promulgation restreignant l'étude de la sagesse de la Kabbale. Quiconque dit qu'il y en a n'a jamais étudié la Kabbale, n'a jamais vu PaRDeS et parle comme un ignorant."

La Kabbale des érudits de la Torah séfarades (péninsule ibérique) et Mizrahi (Moyen-Orient, Afrique du Nord et Caucase) a une longue histoire. La Kabbale sous diverses formes a été largement étudiée, commentée et développée par les érudits nord-africains, turcs, yéménites et asiatiques à partir du XVIe siècle. Il a prospéré parmi les Juifs séfarades à Tzfat ( Safed ), Israël avant même l'arrivée d'Isaac Luria. Yosef Karo, auteur du Shulchan Arukh faisait partie de l'école Tzfat de la Kabbale. Shlomo Alkabetz, auteur de l'hymne Lekhah Dodi , y a enseigné.

Son disciple Moses ben Jacob Cordovero (ou Cordoeiro) est l'auteur de Pardes Rimonim , une compilation organisée et exhaustive d'enseignements kabbalistiques sur une variété de sujets jusqu'à ce point. Cordovero a dirigé l'académie de Tzfat jusqu'à sa mort, quand Isaac Luria a pris de l'importance. Le disciple du rabbin Moshe, Eliyahu De Vidas , est l'auteur de l'ouvrage classique, Reishit Chochma , combinant les enseignements kabbalistiques et mussar (moraux). Chaim Vital a également étudié sous Cordovero, mais avec l'arrivée de Luria est devenu son principal disciple. Vital prétendait être le seul autorisé à transmettre les enseignements du Ari, bien que d'autres disciples aient également publié des livres présentant les enseignements de Luria.

La tradition kabbaliste orientale se poursuit jusqu'à aujourd'hui parmi les sages et les cercles d'étude séfarades et Mizrachi Hakham. Parmi les figures de proue figuraient le yéménite Shalom Sharabi (1720-1777) de la synagogue Beit El , le Jérusalemite Hida (1724-1806), le chef de Bagdad Ben Ish Chai (1832-1909) et la dynastie Abuhatzeira ....

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