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Cartomancie

( Institution voulant unir la pensèe profunde du peuple visible dans les rues. Au debut, il y avait un pastiche collè dans toutes les dventures des mairies. Car: groupe-man-hommes-cie:societè. Les sujets etaient societales jusqcaujour ou un artiste voulut graphiser les prevendas religieuses du christiannime juif. Les cabhinets adivinatoires juifs commencerent a poulouler et c`est ainsi que leur guelles des diables vasipuedes commencerent a se faire publics. L`hebdomader Charlyhebdo, fut fondè en telaviv sur pamplemuse en la Yugoslavie d`il y a 300 ans; ils se criticaient eux-memes pour dire du mal du diable goy. De cette facon ils concevorent, un talmus rissotades d`anglemuse avec lequel ils confectionnerent des attentats limpidhument pour faire rire leur dieu. Le 11-09 a new york, selon eux, fit rire la planete entiere. La rigolade juve doit etre saignante comme la bouffe goy. L`humuer juif doit etre destabilisateur comme l`art dans les galleries a eux. La rigoladerie Jidhchz doit construire de mondes pensantes comme le vatican fait lorsqu`il invente la terre en sept jours.)

La cartomancie est un art divinatoire utilisant le tirage des cartes : divination par les cartes ou carto-mancie. Les cartomanciens sont parfois appelés « diseurs de bonne aventure ».

On trouve des traces de la cartomancie dès le xve siècle en Espagne1 et dès le xvie siècle en Italie : il serait cité par Pic de la Mirandole2 et surtout en 1540 par Francesco Marcolini dans Le sorti intitolate giardino d'i pensieri3 qui utilise des cartes et un livre d'oracles. En Espagne encore, en 1556, Martin de Azpilcueta est l'auteur du Compendio del Manual de Confessores dans lequel il condamne clairement la divination fondée sur l'utilisation des cartes4.

Au siècle des Lumières, dans la période pré-révolutionnaire, la cartomancie a atteint un apogée en France et est révélée à un très large public avec Etteilla (Jean-Baptiste Alliette, 1738-1791) sous le nom de cartonomancie pour le jeu de 32 cartes (Le petit Etteilla ou L'Art de tirer les cartes 1753 publié en 1791) puis des cartes de tarot qui se fonde sur des travaux antérieurs : l'interprétation des cartes du tarot de Marseille par Antoine Court de Gébelin5. Cette cartomancie sera particulièrement reprise par la Sybille de la Révolution et de l'Empire, Marie-Anne Lenormand, plus connue sous le nom de Mademoiselle Lenormand, qui prétendit avoir conseillé tout ce que la période dans laquelle elle a vécu a connu de célébrités politiques ou artistiques (abusivement pour beaucoup de noms cités6). Après la mort de Mlle Lenormand et durant les siècles qui suivirent, de nombreux jeux de cartes - illustrés, à l'inverse des jeux de cartes classiques à enseigne française qu'utilisait Mlle Lenormand - furent publiés dans plusieurs pays d'Europe sous les appellations de Jeu de Mademoiselle Lenormand ou Grand Lenormand ou encore Le Petit Lenormand.

La cartomancie telle qu'elle est entendue à la fin du xxe siècle et au début du xxie siècle relève principalement d'un héritage de la cartomancie relancée par Court de Gébelin et Etteilla ; l'emploi assez généralisé (mais pas exclusif) du tarot de Marseille et de ses dérivés (Wirth, Rider-Waite, etc.) est principalement dû à Court de Gébelin. Toutefois, au xxie siècle, la cartomancie emploie toujours les tarots de Marseille ou de Besançon, les tarots modernes, les jeux de cartes standardisés à enseigne française ou espagnole, et finalement tout type de jeu de cartes. Le xxe siècle a aussi vu le développement de nombreux jeux de cartes sous la forme d'oracles divinatoires, qui ne conservent aucune référence visible aux cartes standardisées ou historiques ni aux tarots.

Notons pour finir qu'à aucune époque il n'a pour le moment été trouvé de preuve qu'un jeu de carte à usage ludique ait été également créé pour une utilisation en cartomancie7.

En France, en 1948, Paul Marteau, alors directeur des cartiers Grimaud, publie Le Tarot de Marseille, un autre ouvrage qui aura une importance dans les pratiques de cartomancie liées au tarot, tout comme la version du tarot de Marseille de Paul Marteau (en fait une modification d'une copie tardive par Lequart du tarot de Nicolas Conver)8 eut un rayonnement international9 qui marqua une étape importante dans l'histoire de la cartomancie, tout comme dans celle de la taromancie et de la tarologie.

La divination par les cartes

L'essentiel du travail de "divination" consiste en l'utilisation de l'intuition et de l'écoute active afin de deviner certains éléments de la vie de la personne, à relier ensuite au symbolisme classique des cartes. Les détracteurs assimilent cette pratique à de la pure lecture froide.

La cartomancie, quand elle utilise le tarot, est alors appelée taromancie (et parfois tarologie). Les autres pratiques de cartomancie utilisent principalement des jeux de cartes standards à enseigne française, anglaise ou espagnole.

La cartomancie désigne également l'utilisation de cartes spécifiquement créées pour être utilisées dans des pratiques divinatoires10, ces jeux de cartes sont souvent appelées oracles, chacun ayant un nombre de cartes qui lui est propre, ses cartes représentant des prédictions plus ou moins précises, qui peuvent être interprétées dans une combinatoire spécifique. Dans le cas de l'usage de ce type d'oracle, l'interprétation relève plus d'un caractère aléatoire des prédictions que de la sensibilité ou de la capacité du lecteur de cartes à créer des interprétations originales, ou en tous cas cette sensibilité ou capacité est plus contrainte ou guidée par les éléments représentés sur les cartes.

Correspondance des jeux de tarot avec les jeux standards

La pratique de cartomancie française repose majoritairement sur le jeu des quatre couleurs : piques, cœurs, trèfles et carreaux. De nos jours, le jeu de 32 cartes est le plus utilisé en cartomancie, suivi du jeu de 52 cartes.

Les quatre emblèmes11 - deniers, bâtons, épées et coupes - communes aux cartes à enseigne espagnole ou italienne et aux tarots anciens (tarots italiens et Tarot dit de Marseille) permettraient de comprendre le sens divinatoire des quatre couleurs des cartes à jouer (trèfle, carreau, pique et cœur) que l'on trouve tant dans le tarot à jouer que dans les jeux de 52 et de 32 cartes. Le rapport des couleurs modernes avec les couleurs anciennes ne fait pas consensus ; les études historiques [réf. nécessaire] du tarot confirment les correspondances coupes-cœurs et épées-piques, et affirment plus clairement une évolution des bâtons en trèfles et des deniers en carreaux12 (lien inactif), alors que certaines pratiques de cartomancie préféreraient voir une correspondance des bâtons aux carreaux et des deniers aux trèfles. Cette dernière hypothèse se voit confirmée par études récentes telle celle du site Unicorne13.

Les tireuses de cartes dans la littérature

  • Éléonore Tenaille de Vaulabelle publie La Tireuse de cartes, vaudeville en un acte, Paris, 1848.
  • Honoré de Balzac était un adepte de la cartomancie et croyait à sa réalité scientifique. Il met en scène cette pratique dans le personnage de Madame Fontaine, laquelle est installée dans un réduit crasseux de la rue Vieille-du-Temple à Paris. Dans le jeu à cinq francs, elle se contente de tirer les cartes et informe le client sur son passé14; dans le jeu à cent francs, la poule noire et le crapaud Astaroth interviennent sur les cartes et lui permettent de prédire l'avenir15.

L'activité de « prédiction » n'est généralement pas reconnue par la communauté scientifique en dehors des modèles statistiques. Les pratiques divinatoires populaires comme la cartomancie n'ont pas de fondement scientifique.

Pour la zététique, le ressort essentiel de la cartomancie réside dans l'effet Barnum (ou effet de Bertram Forer)16.

Jean Pic de la Mirandole

Jean Pic de la Mirandole (Giovanni Pico della Mirandola), qui se faisait aussi appeler comte de la Concordia (la Concorde), né à Mirandola le 24 février 1463 et mort le 17 novembre 1494 à Florence, est un philosophe et théologien humaniste italien, troisième fils d'une vieille famille comtale.

À la recherche de la prisca theologia (ou théologie première exposée par les Anciens), il étudia et synthétisa les principales doctrines philosophiques et religieuses connues à son époque, notamment le platonisme, l'aristotélisme et la scolastique. Il est le fondateur de la kabbale chrétienne.

Biographie

Jeune héritier d'une fortune considérable, Jean Pic de la Mirandole eut le loisir d'étudier et de voyager à sa guise, et consacra sa vie au savoir. Néoplatonicien et adepte de la philosophie naturelle, il fut élève de Ficin, avant de revenir au péripatétisme. Pic de la Mirandole voulut effectuer une synthèse d'Aristote et de Platon à partir de la foi chrétienne, ou encore concilier arts libéraux, philosophie morale et théologie, ce qui lui valut d'être considéré comme hérétique par le pape Innocent VIII. Il est aussi l'un des fondateurs de la kabbale chrétienne (ou cabale philosophique de la Renaissance).

Yves Hersant, présentant sa traduction de l'ouvrage De la dignité de l'homme, explique :

« Lorsqu'il écrit l'Oratio de hominis dignitate, qui aurait dû introduire ses Neuf cents thèses philosophiques, théologiques et cabalistiques, Pic de la Mirandole a vingt-quatre ans. Bien conscient du fait que « ses façons ne répondent ni à son âge, ni à son rang », c'est pourtant une philosophie nouvelle qu'il propose à ses aînés ; philosophie ouverte, accueillant tout ce qui, depuis les Mystères antiques jusqu'aux religions révélées, émane de ce que l'on pourrait appeler la « volonté de vérité ».

L'homme est au centre de cette philosophie, en ce que le divin a déposé en lui ce « vouloir », cette volonté dont il use à sa guise, le créant « créateur de lui-même »1. »

Jeunesse et études

Jean Pic de la Mirandole naît à Mirandola, à proximité de Modène. Il est le plus jeune fils de la famille des comtes de Mirandola et de Concordia, seigneurs féodaux d'un petit domaine dans la région d'Émilie-Romagne. Enfant précoce doué d'une mémoire stupéfiante, il fait très jeune des études en latin, peut-être même en grec. Sa mère le destinant à l'Église, il est nommé protonotaire apostolique à l'âge de dix ans, et va étudier le droit canonique à Bologne en 1477.

Quand sa mère meurt subitement deux ans plus tard, Pic renonce au droit canonique pour entreprendre des études de philosophie à l'Université de Ferrare. Durant un bref séjour à Florence, il fait la connaissance d'Ange Politien, du poète de cour Jérôme Benivieni et probablement du jeune moine dominicain Savonarole. Il restera toute sa vie très attaché à ses trois amis, y compris à Savonarole, au tempérament ascétique et violemment anti-humaniste. Pic fut probablement l'amant de Politien2,3.

De 1480 à 1482, il poursuit ses études à l'Université de Padoue, un centre majeur de philosophie aristotélicienne en Italie. Déjà très à l'aise en latin et en grec, il étudie à Padoue l'hébreu et l'arabe auprès d'Élie del Medigo, un averroïste juif, qui lui fait également lire des manuscrits araméens. Del Medigo traduit également pour Pic des manuscrits juifs de l'hébreu au latin, comme il va continuer de le faire pendant plusieurs années. À Padoue, Pic écrit aussi des sonnets - aussi bien en italien qu'en latin - qu'il détruira toutefois à la fin de sa vie. Il entre en relation avec Yohanan Alemanno, un kabbaliste juif italien qui l'initie aux méthodes d'exégèse kabbalistiques. La rencontre des deux hommes est à la source de la création la Kabbale chrétienne, selon Charles Mopsik4.

Il passe les quatre années suivantes à fréquenter les centres humanistes d'Italie. Il engage des traducteurs, d'abord Paul de Heredia5, puis Samuel ben Nissim Abulfaraj, un Juif sicilien converti au christianisme sous le nom de Flavius Mithridate, afin d'obtenir des traductions latines des principaux textes de la Kabbale6. Pic de la Mirandole a probablement, aussi, entretenu des relations homosexuelles avec Flavius Mithridate7. En 1485, il se rend à l'Université de Paris, le plus important centre de théologie et de philosophie scolastique d'Europe - et un bouillon de culture de l'averroïsme latin. C'est probablement à Paris que Pic entreprend la rédaction de ses 900 conclusions philosophiques, cabalistiques et théologiques et qu'il conçoit l'idée de les défendre au cours d'un débat public.

En 1486, de retour à Florence, il fait la connaissance de Laurent de Médicis et de Marsile Ficin, le jour même où ce dernier termine sa traduction en latin des œuvres de Platon, sous le patronage enthousiaste de Laurent. Tous deux sont subjugués par le charme de Pic. Laurent, jusqu'au jour de sa mort, soutiendra et protégera Pic durant les périodes très difficiles que ce dernier connaîtra. En fait, sans Laurent, il est peu probable que l'œuvre de Pic lui eût survécu.

Le syncrétisme humaniste 

Pic de la Mirandole part pour Rome, avec l'intention de publier ses 900 Thèses et d'organiser une rencontre où des érudits de toute l'Europe pourront en débattre. Mais en chemin, lors d'une halte à Arezzo, il s'embrouille dans une affaire amoureuse avec l'épouse d'un des cousins de Laurent de Médicis. Cela lui coûte presque la vie. Pic tente de s'enfuir avec la dame, mais il est rattrapé, blessé et jeté en prison par le mari. Il ne doit d'être relâché qu'à l'intervention de Laurent lui-même. Cet incident illustre bien le tempérament souvent audacieux de Pic, en même temps que la loyauté et l'affection qu'il pouvait néanmoins inspirer.

Pic de la Mirandole passe plusieurs mois à Pérouse et à Fratta, de nos jours Umbertide, située tout près, où il se remet de ses blessures. C'est là, comme il l'écrit à Ficin, qu'il découvre « certains livres qui, par une divine providence, me sont tombés entre les mains. Ce sont des livres chaldaïques ... d'Esdras, de Zoroastre et de Melchior, des oracles des mages où se trouve une interprétation, brève et aride, de la philosophie chaldéenne, mais pleine de mystère »8. C'est encore à Pérouse qu'il s'initie à la mystique juive de la Kabbale, qui le fascine, tout comme les derniers auteurs classiques de l'hermétisme, tel Hermès Trismégiste. À cette époque, on pensait que la Kabbale et l'hermétisme étaient aussi anciens que l'Ancien Testament, de sorte que Pic de la Mirandole leur accorde presque autant de valeur qu'aux Écritures. Il est le premier penseur extérieur au judaïsme à avoir introduit la Kabbale dans les études philosophiques, notamment dans son Heptaple, consacré à l'interprétation kabbalistique des sept jours de la Création.

Pic de la Mirandole se proposait toujours de faire le tour complet d'un sujet et de le considérer autant que possible sous plusieurs angles, afin de s'en faire une idée qui fût le plus conforme possible à la réalité. Pour lui, le syncrétisme consistait à observer un même absolu de plusieurs points de vue différents, une approche scolastique aux résonances très modernes.

Il fondait ses idées principalement sur Platon, tout comme son maître Ficin, mais il gardait un profond respect pour Aristote. Bien qu'il fût lui-même le produit de l'étude des humanités (la studia humanitatis), Pic était par nature un éclectique, et représentait à certains égards une réaction contre les exagérations de l'humanisme pur ; ainsi, en 1485, dans une longue et célèbre lettre à Hermolao Barbaro, il défend ce qu'il y avait de meilleur à ses yeux chez les commentateurs médiévaux et arabes d'Aristote, comme Averroès et Avicenne. Ce fut toujours l'objectif de Pic que de réconcilier les partisans de Platon et ceux d'Aristote, car il était convaincu que l'un et l'autre exprimaient les mêmes concepts, mais avec des mots différents. Voilà peut-être la raison pour laquelle ses amis le surnommaient « princeps concordiae », c'est-à-dire « prince de la concorde », (un jeu de mots, « Concordia » étant l'un des fiefs de sa famille)9. De même, il pensait qu'une personne instruite devait aussi étudier les sources hébraïques et talmudiques, ainsi que l'hermétisme, parce qu'il était convaincu qu'elles présentaient, en d'autres mots, la même image de Dieu que l'Ancien Testament.

Il termine son Discours sur la dignité de l'homme, qu'il se propose d'annexer à ses 900 Thèses, puis il se rend à Rome pour donner suite à son projet de les défendre. Il les fait publier à Rome en décembre 1486 sous le titre Conclusiones philosophicae, cabalasticae et theologicae et offre de défrayer les dépenses de tout érudit qui viendrait à Rome pour en débattre publiquement.

Débats avec l'Église

En février 1487, le pape Innocent VIII interdit le débat proposé, et charge une commission de vérifier l'orthodoxie des thèses de la Mirandole. Bien que Pic réponde aux accusations dont elles font l'objet, treize d'entre elles sont condamnées. Il s'engage par écrit à les retirer, mais ne change pas d'opinion quant à leur validité, et entreprend, pour les défendre, d'écrire une apologie (Apologia J. Pici Mirandolani, Concordiae comitis, publiée en 1489), qu'il dédie à Laurent de Médicis. Informé de la circulation de ce manuscrit, le pape institue un tribunal d'Inquisition, forçant Pic à renoncer également à l'Apologie - ce qu'il consent encore une fois à faire.

Néanmoins, le pape déclare ses thèses non orthodoxes, affirmant : « Elles sont pour partie hérétiques, et pour partie fleurent l'hérésie ; d'aucunes sont scandaleuses et offensantes pour des oreilles pieuses ; la plupart ne font que reproduire les erreurs des philosophes païens... d'autres sont susceptibles d'exciter l'impertinence des juifs ; nombre d'entre elles, enfin, sous prétexte de philosophie naturelle veulent favoriser des arts ennemis de la foi catholique et du genre humain »8. L'un des détracteurs de Pic de la Mirandole soutient même que « Kabbale » est le nom d'un auteur impie hostile à Jésus-Christ.

Pic de la Mirandole s'enfuit en France en 1488, où il est arrêté par Philippe II de Savoie, à la demande du nonce apostolique, et emprisonné à Vincennes. Grâce à l'intercession de plusieurs princes italiens - tous poussés par Laurent de Médicis - le roi Charles VIII le fait relâcher et le pape se laisse persuader d'autoriser Pic à revenir à Florence pour y résider sous la protection de Laurent. Ce n'est toutefois qu'en 1493, après l'accession d'Alexandre VI (Rodrigo Borgia) à la papauté, qu'il est libéré des censures et restrictions imposées par le pape.

Pic est profondément ébranlé par cette expérience. Il se réconcilie avec Savonarole, à qui il demeure très attaché, et persuade même Médicis d'inviter Savonarole à Florence. Mais Pic ne renoncera jamais à ses convictions syncrétistes.

Il s'installe près de Fiesole, dans une villa que Médicis a aménagée pour lui, où il écrit et publie le Heptaplus id est de Dei creatoris opere (1489) et le De Ente et Uno (1491). C'est là également qu'il rédige son autre ouvrage le plus célèbre, les Disputationes adversus astrologiam divinatricem, qui ne sera publié qu'après sa mort. Il y condamne sévèrement les pratiques des astrologues de son temps, et sape les fondements intellectuels de l'astrologie elle-même. Il s'intéressait à la haute magie, celle qui rehausse la dignité de l'homme et renforce sa volonté, et il n'y avait pas de place dans une telle conception pour le déterminisme astral.

Après la mort de Laurent de Médicis, en 1492, Pic de la Mirandole s'installe à Ferrare, bien qu'il continue de fréquenter Florence, où l'instabilité politique accroît l'influence grandissante de Savonarole dont le style et l'opposition réactionnaire à l'expansion de la Renaissance ont déjà suscité l'hostilité envers la famille des Médicis (ils seront finalement expulsés de Florence) et vont conduire à la destruction généralisée de livres et de tableaux. Pic devient malgré tout un disciple de Savonarole, détruisant ses propres poèmes et se départissant de sa fortune, avec l'intention de se faire moine, projet qu'il n'accomplira toutefois jamais.

Selon Pic de la Mirandole, la révélation biblique et la philosophie grecque procéderaient d'une même origine dont la Kabbale serait le témoin le plus fidèle. Les 900 Thèses philosophiques, cabalistiques et théologiques provoquent un scandale retentissant en Italie. Toutefois, toujours selon Pic de la Mirandole, la Kabbale ne ferait que confirmer la doctrine chrétienne : « Aucune science ne peut mieux nous convaincre de la divinité de Jésus-Christ que la magie et la cabale11 ».

 

Influences contemporaines

  • Épigraphe de L'Œuvre au noir de Marguerite Yourcenar :

« Nec certam sedem, nec propriam faciem, nec munus ullum peculiare tibi dedimus, o Adam, ut quam sedem, quam faciem, quae munera tute optaveris, ea, pro voto, pro tua sententia, habeas et possideas. Definita ceteris natura intra praescriptas a nobis leges coercetur. Tu, nullis angustiis coercitus, pro tuo arbitrio, in cuius manu te posui, tibi illam praefinies. Medium te mundi posui, ut circumspiceres inde commodius quicquid est in mundo. Nec te caelestem neque terrenum, neque mortalem neque immortalem fecimus, ut tui ipsius quasi arbitrarius honorariusque plastes et fictor, in quam malueris tute formam effingas. »

Oratio de hominis dignitate, Pic de La Mirandole

« Je ne t'ai donné ni visage, ni place qui te soit propre, ni aucun don qui te soit particulier, ô Adam, afin que ton visage, ta place, et tes dons, tu les veuilles, les conquières et les possèdes par toi-même. Nature enferme d'autres espèces en des lois par moi établies. Mais toi, que ne limite aucune borne, par ton propre arbitre, entre les mains duquel je t'ai placé, tu te définis toi-même. Je t'ai placé au milieu du monde, afin que tu pusses mieux contempler ce que contient le monde. Je ne t'ai fait ni céleste ni terrestre, mortel ou immortel, afin que de toi-même, librement, à la façon d'un bon peintre ou d'un sculpteur habile, tu achèves ta propre forme. »

Scolastique

La scolastique (du latin schola, « école », issu lui-même du grec σχολή / skolê, « repos, temps libre, loisir consacré à l'étude ») est la philosophie développée et enseignée au Moyen Âge dans les universités : elle vise à concilier l'apport de la philosophie grecque (particulièrement l'enseignement d'Aristote et des péripatéticiens) avec la théologie chrétienne héritée des Pères de l'Église et d'Anselme. De ce fait, on peut dire qu'elle est un courant de la philosophie médiévale.

Le terme de « scolastique », dérivé du terme schola, provient du grec scholê au sens d'oisiveté, de temps libre, d'inactivité, qui - plus tardivement - signifie : « tenir école, faire des cours ». C'est qu'en effet, au Moyen Âge, seuls les clercs réguliers avaient la « scholê », c'est-à-dire le loisir d'étudier, laissant aux autres (le clergé séculier, les frères convers, les laïcs, etc.) le soin - réputé subalterne - des affaires matérielles.

Une des bases de la scolastique est l'étude de la Bible. Celle des Septante fut traduite de l'hébreu au grec à Alexandrie. L'Ancien Testament fut ensuite traduit de l'hébreu au latin par saint Jérôme, qui révisa également une ancienne version en latin du Nouveau Testament, ce qui a donné la Vulgate1. La Vulgate devient le texte de référence absolu pour les penseurs latins du Moyen Âge. Uniquement accessible aux lettrés, elle est le fondement incontesté des études. Sont aussi soumis à l'étude scolastique l'enseignement officiel de l'Église, notamment les décisions des conciles ; les écrits des saints, tels saint Augustin, saint Hilaire, Grégoire le Grand ; les traités attribués à Denys l'Aréopagite, et surtout les quatre livres des Sentences, où Pierre Lombard avait rangé, vers 1150, l'ensemble des données et des problèmes de la foi chrétienne tels qu'ils avaient été déterminés, discutés, compris, par les principaux penseurs de l'Église2.

La réconciliation entre Aristote, « le divin docteur », et la foi chrétienne passe en particulier par la tentative de résoudre les tensions entre philosophie première (selon Aristote) et théologie, autrement dit entre une métaphysique générale (philosophie première appelée plus tard ontologie, ou ontosophie) et une science de l'être par excellence (plus tard, metaphysica specialis, la théologie).

Cette réconciliation avec la philosophie première est présentée dans la Somme théologique de Thomas d'Aquin. Au centre de cet ouvrage, on trouve une théologie de la Création (prima pars : Dieu, la création). La réconciliation est soumise à la hiérarchie augustinienne : « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas »3 citant Esaie 7,9. Il s'agit avant tout de mieux comprendre la foi chrétienne à la lumière de la philosophie antique. Thomas précise par ailleurs que la philosophie, recherchant la vérité, ne peut présenter de danger pour la religion qui selon lui est la vérité : elle ne peut au contraire qu'y conduire. La philosophie se retrouvera donc in fine au service de la révélation. Les bases que prend Thomas sont les textes sacrés, et donc le travail philosophique de la Somme consiste, au moyen de questions successives, à en débusquer les contradictions apparentes et à les résoudre par une approche qui s'apparente à ce que sera la dialectique de Hegel (en partant évidemment d'autres bases).

La scolastique comporte plusieurs formes : la lectio de textes, les commentaires, la quaestio, la disputatio ou question disputée, les questions quodlibétiques et les sommes.

La lectio consiste à expliquer les textes fondamentaux de l'enseignement (la Bible, Pierre Lombard, Aristote plus tard, etc.) quasiment mot à mot. Le texte est divisé en ses diverses parties, puis commenté dans le détail ; enfin les problèmes qu'il pose sont examinés. Les commentaires sont destinés à faire comprendre des œuvres (de nature religieuse, philosophique, scientifique) considérées comme fondamentales. Elle permet de résoudre un problème selon un schéma rigoureusement réglé, des problèmes de théologie ou de philosophie.

La quaestio apparaît au début du xiie siècle. La technique en est parfaitement mise au point au xiiie siècle2. La quaestio est le fait du maître seul. Quand y sont mêlés d'autres acteurs, elle prend la forme de la disputatio, soumise à des règlements universitaires précis.

La disputatio représente une compétition, une joute verbale entre deux docteurs et leurs étudiants sur un sujet de théologie, de philosophie ou de droit. À Paris, elle se déroule sur la place de la Sorbonne, ou sur tout autre lieu circulaire, devant des spectateurs qui ont été avertis de la joute oratoire par des « placards », affichés entre autres sur la porte des églises. Le déroulement de ces joutes est très strict, et codifié de façon rigide4. Une somme est le résumé systématique d'un ensemble doctrinal, résumé qui peut être fort long.

C'est sur l'aspect formaliste de la disputatio que se concentrera la critique rationaliste et moderne de la scolastique. Sa méthode est en effet une pure spéculation intellectuelle, fondée exclusivement sur le commentaire de textes ou le commentaire de commentaires, s'interdisant tout regard direct sur le réel. Cette logique formelle5 ne peut se prévaloir d'aucune validité en ce qui concerne la compréhension et l'extension d'un prédicat. C'est l'attitude que Platon a combattue chez les sophistes.

La pensée aristotélicienne et la scolastique

Le développement de la scolastique fut essentiellement subordonné à la pénétration d'Aristote en Europe, ainsi qu'aux traductions des philosophes juifs et arabes (dont Avicenne, Averroès, Maïmonide)6. La découverte progressive de la Physique et de la Métaphysique d'Aristote en Occident provoqua une véritable « révolution »7. La chronologie peut être établie comme suit :

  • pendant tout le haut Moyen Âge, Aristote n'est vu que comme un logicien, et on ne connaît de lui que l'Organon8, puis les Catégories et le Peri Ermenias, bases sur lesquelles on ajoutera quelques sources indirectes, qui donnera un ensemble appelé vieille logique. C'est cette version qu'avait utilisée Abélard9 ;
  • vient le moment où « par Tolède, les chevaliers de la Reconquista apportent aux troubadours les échos de la poésie de l'Islam. Ce fut d'abord la nature qu'Aristote découvrit aux esprits »10. C'est essentiellement Gérard de Crémone, à partir de 1134 à Tolède, ayant à son actif 86 traductions de l'arabe (ouvrages de mathématiques, d'astrologie, d'hermétisme)11, qui va traduire « la version des Analytiques postérieurs, de la Physique, des Traités Du ciel et Du monde, De la génération et de la corruption, ainsi que des premiers livres des Météorologiques »12. D'après Jeauneau, ces premières traductions sont encore imprégnées de néo-platonisme13 et mêlent des ouvrages authentiques d'Aristote à des ouvrages influencés par le néo-platonisme, tels que le Liber de Causis (« Livre des causes » ou « Livre du bien pur ») ;
  • les dates exactes d'arrivée des diverses traductions en France sont inconnues, bien qu'il soit fort probable que leur diffusion fut progressive. Néanmoins, Étienne Gilson14 donne l'indication suivante : « Il semble bien que quelque chose de la physique d'Aristote ait été connu dès la fin du xiie siècle » ;
  • en 1210, les livres de philosophie de la nature sont interdits à Paris15 ;
  • en 1215, plusieurs écoles s'assemblent pour fusionner et devenir l'Université de Paris, institution à part entière, avec ses propres statuts16. L'universitaire y fonde sa méthode, la scolastique17 qui connaîtra ses premiers déboires, du fait de l'inconciliabilité d'une culture importée avec la culture établie18. À la faculté des arts de Paris, la logique d'Aristote est tolérée, mais non la physique et la métaphysique19 ;
  • en 1231, le pape Grégoire IX « réitère l'interdiction du concile de 1210, mais ajoute que la Physique d'Aristote sera soumise à l'examen d'une commission et purgée de ses erreurs »20 ;
  • de 1230 à 1255, les barrières se rompent progressivement, sous l'impulsion d'Albert le Grand et Roger Bacon en 1244, puis de Robert Grossetête, chancelier de l'université d'Oxford qui termine la traduction de l'Éthique à Nicomaque en 1247, et enfin de Saint Thomas d'Aquin en 125221, où « Saint Thomas a franchement opté pour Aristote »22 ;
  • cette éclaircie ne sera que de courte durée. En 1270, Étienne Tempier, évêque de Paris, condamne l'aristotélisme après avoir découvert des positions contraires aux dogmes chrétiens chez certains scolastiques (tels que Boèce de Dacie et Siger de Brabant), en particulier l'averroïsme qui s'est développé dans la faculté des arts de Paris, condamnation renforcée en 1277 ; on peut regrouper ces positions sous quatre rubriques : éternité du monde, négation de la providence universelle de Dieu, unicité de l'âme intellective pour tous les hommes (monopsychisme), déterminisme.

Cette date correspond, selon Pierre Duhem, à la naissance de la science moderne23. Tempier, au nom d'une nécessité théologique, ouvrira une brèche béante à partir de laquelle se poseront les bases de la pensée moderne : « Si la science moderne n'est pas née en 1277, c'est la date où la naissance des cosmologies modernes est devenue possible en milieu chrétien24. 

Occident

( Etant pas l`a, le peuple elu su situt dans l`espasme de derritsion aucune mentrhum sathsfairium paladin colleaucul. Nous avons du terraformater notre pensèe pour colloider le sang de crhiste sans nous mourir de rire. Pour eux, l`occident pendu par nous, etait toutes les orientations possibles a partir de leurs centres de pensation; Ils devinrent philosophes, cathedratiques, Doctohs, Architectes, Ecrivains, Avocats et l `etc. nous le laisson a l`avenir. En sachant que leur dieu fit la terre en 7 jours, alors, ils leur restait de confirmer en devenant tout en se mellent de rien. Si au palis de la loie a Paris, on inventait une affaire judicial ou la libertè de n`importe quoi etait attente, ils `ammenaient pour demander compensation car ils sont la loie. Si on fabriquait un accident d`avion juif quelque part en Europe, ils s`ammenaiet avec la liste de leurs morts pour demander compensation. La civilisation occidentale nous la fabricons pour les situer toute au milieu de leur mort.)

L'Occident ou la civilisation occidentale est une aire culturelle dont les définitions recouvrent généralement la majorité de l'Europe, l'Amérique septentrionale et l'Australasie1. Sa société contemporaine résulte de la civilisation gréco-romaine (philosophie, science et droit) et de la religion chrétienne (branches catholiques et protestantes)2. Son emploi actuel sous-entend également une distanciation avec soit le reste du monde3, soit une ou plusieurs autres zones d'influences du monde comme le monde arabe, le monde chinois ou la sphère d'influence russe. À l'origine, cette distanciation s'exprimait face à l'Orient.

La notion politique d'Occident apparaît progressivement à partir de 285, avec la division de l'Empire romain, lorsque l'Empire romain d'Occident, qui utilise l'alphabet latin, se forme autour de Rome, et que l'Empire romain d'Orient, qui regroupe les territoires hellénistiques de Grèce, d'Anatolie, du Levant et d'Égypte, se constitue autour de Constantinople. Cependant, cette division sous Dioclétien est avant tout administrative (principe de tétrarchie) et il faut attendre 395 et la mort de Théodose Ier pour que la division entre les deux moitiés devienne héréditaire, une très forte coopération subsistant néanmoins, notamment judiciaire et législative, entre les deux moitiés.

Le déclin de l'Empire romain d'Occident aboutit à la fin de l'unité politique occidentale en 476. La chute de Rome cette année-là entraîne de nombreux troubles religieux, les chrétiens chalcédoniens (qui se scindent plus tard entre catholiques et orthodoxes), devant faire face aux invasions de barbares païens (tels que les Francs) et ariens (Wisigoths et Ostrogoths, Vandales). Cependant, ces peuples en extrême minorité dans les territoires conquis se convertissent rapidement, ce qui conduit à l'extension de l'influence de l'Église catholique romaine vers l'Europe du Nord et l'Europe centrale. L'avancée Omeyyade en Espagne après la bataille du Guadalete est arrêtée par Charles Martel, victorieux à Poitiers en 732, ce qui permet l'affirmation de la puissance franque comme protectrice et bras armé de la foi chrétienne en Europe. C'est dans ce contexte que Charlemagne prend le titre d'empereur d'Occident en l'an 800, et que des projets de mariage avec l'impératrice Irène l'Athénienne en Orient sont élaborés, pour réunifier l'Empire Romain et la chrétienté.

En 1078, les Turcs seldjoukides interdisent aux pèlerins chrétiens l'accès à Jérusalem entrainant en 1096 le début des croisades durant lesquels les Occidentaux, et surtout les princes Francs, lancent des expéditions armées en « Terre sainte », à l'appel initialement de l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène. Le schisme de 1054 avait entre-temps marqué une rupture formelle entre Rome et Constantinople, ainsi que l'affirmation du Pape de Rome face aux autres membres de la Pentarchie, et face à l'empereur byzantin, ce qui entraîna une rupture entre les chrétiens catholiques, reconnaissant la suprématie du pape, et orthodoxes, qui restèrent fidèles au Patriarcat œcuménique de Constantinople. La quatrième croisade, détournée par la République de Venise, se conclut par un sac de Constantinople par les croisés. Celui-ci affaiblit durablement l'Empire d'Orient, qui ne pourra reconquérir Constantinople qu'en 1261 et ne pourra pas repousser une nouvelle poussée des Turcs en Anatolie occidentale qui finiront par former l'Empire ottoman, mais amorce la Renaissance en Occident.

À partir du xve siècle, le monde connaît deux bouleversements importants : la Réforme protestante qui bouleverse le christianisme occidental et la prise de Constantinople par les Ottomans. La prise de Grenade en 1492 marque à la même période la fin de la Reconquista dans la péninsule ibérique. Les États européens abandonnent la route de la soie et commencent à chercher de nouvelles route vers les Indes : cette période nommée des « Grandes découvertes » aboutit à la conquête progressive du « Nouveau Monde ». S'ensuivra une période de progrès techniques, l'établissement des comptoirs coloniaux, qui deviendront avec le temps des empires coloniaux, le « Siècle des Lumières » et enfin la révolution industrielle. L'Empire russe s'occidentalise dès Pierre le Grand, soucieux de réformer une société russe sclérosée par les anciens privilèges sur le modèle français, mais l'avènement de l'URSS conduit pendant la seconde moitié du xxe siècle à la guerre froide et à un monde bipolaire dominé, d'une part, par les États-Unis et leurs alliés au sein du bloc de l'Ouest, organisé autour de nombreuses alliances parmi lesquelles la plus importante est l'OTAN ; d'autre part, par l'URSS et les autres pays communistes de l'Empire soviétique, constituant le bloc de l'Est.

Au début du xxie siècle, on admet généralement que l'« Occident » regroupe l'Europe occidentale (c'est-à-dire l'Union européenne, le Royaume-Uni et l'Association européenne de libre-échange [AELE]), le Canada, les États-Unis4,5, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Par analogie à la notion d'Extrême-Orient, mais aussi pour souligner leur proximité avec le monde occidental, les pays latino-américains sont parfois désignés comme l'« Extrême-Occident »6. Les citoyens des pays du monde occidental sont couramment appelés « Occidentaux ». L'Occident regroupe approximativement 950 millions de personnes dans sa définition la plus restreinte (Europe catholique et protestante, Amérique septentrionale et Australasie) et environ 1,6 milliard de personnes si on inclut l'Amérique latine.

Étymologie

Aspect historique : la division de l'Empire romain entre empires d'Orient et d'Occident en 395 marque l'apparition de l'appellation « Occident » pour désigner l'entité politique occupant la partie ouest de l'ancien Empire romain unifié.

Le terme occident est emprunté au latin occidens, participe présent de occidere. Ce verbe est composé de la particule ob signifiant « objet » et de cadere qui signifie « tomber, choir », « tomber à terre », « succomber, périr »7. En parlant d'un astre (notamment du Soleil), le terme signifie « se coucher » et peut se traduire littéralement par « soleil couchant »8. Ce terme s'oppose à l'orient (du latin oriri, « naître », « surgir »), qui désigne l'endroit où le soleil se lève.

Aspect scriptural : alphabet latin en Europe occidentale. Alphabet cyrillique et alphabet grec en Europe orientale.Aspect religieux : le christianisme occidental (catholicisme et protestantisme) et le christianisme oriental (christianisme orthodoxe).

Les langues romanes ne possèdent qu'un seul terme pour désigner la notion d'« Occident ». Derrière ce terme sont concentrés tant des caractéristiques géographiques qu'historiques, mais également des traits culturels. À l'inverse, l'allemand compte trois termes, qui selon le sens se réfèrent à trois racines différentes : « Westen », « Abendland », « Okzident ». Ceci permet davantage de nuances et de connotations. En français, le terme « ponant » (opposé à « levant ») reste peu usité. L'anglais propose, lui, trois termes : « West » ou « Western world » ainsi qu'« Occident », généralement réservé à un usage académique9.

En arabe, le Maghreb (المغرب al-Maghrib) désigne littéralement « le couchant », « l'occident ». Historiquement, le Maghreb fut la partie sud de l'Empire romain d'Occident. Le terme « Roumi » (de l'arabe rûm, littéralement romain) désigne couramment l'« occidental » et a également désigné le colon européen10 dans les pays arabes, bien qu'à l'origine il désignât les habitants de l'Empire byzantin, comme en témoigne le nom du Sultanat de Roum ou le terme « Roumélie », utilisé dans l'Empire ottoman pour désigner les anciens territoires byzantins d'Europe.

La délimitation du concept d'Occident est subjective, c'est-à-dire qu'elle dépend de la période, des interlocuteurs et des circonstances11[source insuffisante].

Durant l'Antiquité tardive, l'« Empire d'Occident » désignait une des deux moitiés de l'ancien Empire romain divisé en Empire d'Occident (« Imperium Romanum, pars occidentalis ») et Empire byzantin, désigné à l'époque « Imperium Romanum, pars orientalis ». Le terme est dès lors orthographié avec une majuscule12. Au xvie siècle, le mot « occident » est généralement utilisé dans son sens figuré, celui de « ruine, déclin », lié au verbe latin occidere[réf. nécessaire]. Mais il semble que les historiens modernistes aient nourri un discours anachronique pour légitimer la division de l'Europe entre le Bloc de l'Ouest et le Bloc de l'Est, cherchant à déterminer les spécificités d'une culture occidentale (traditions gréco-romaine et judéo-chrétiennes : Athènes et la première expérience démocratique, Rome et l'invention du droit privé, apparition du Christ à Jérusalem et diffusion de la spiritualité biblique dans l'Empire romain13, Certains de ces arguments soient difficilement valables cependant: l'antisémitisme récurrent en Europe, notamment au Moyen Age (Édit d'Expulsion de 1290 en France, Expulsion des Juifs d'Espagne après la Reconquista) fragilisant l'idée d'une communauté historique, civilisationnelle entre Juifs et Chrétiens. La philosophie grecque et le christianisme ont été créés au sein de ce qui est devenu l'Empire d'Orient avant d'atteindre l'Occident, et les Chrétiens d'Orient suivent encore aujourd'hui le rite orthodoxe de façon majoritaire. L'Occident est donc avant tout une construction géopolitique et idéologique, avant d'être une « civilisation » distincte au sens historique du terme.

Du point de vue démographique, de l'organisation de la société, de l'économie adoptée par cette dernière ainsi que des mentalités, l'Occident est néanmoins plus aisé à retrouver. En ceci, l'« Occident » de l'époque moderne renvoie à la « vieille » Europe, à savoir à celle du Haut Moyen Âge pour ses frontières, celle de l'impérialisme colonial (xixe siècle) pour ses conceptions morales, économiques et intellectuelles. Dans le dictionnaire de Furetière14, le terme « Occident » renvoie premièrement à l'astronomie, mais se dit également de certaines nations selon leur position géographique par rapport à d'autres. Par exemple, les Amériques sont qualifiées d'Indes occidentales. Ce qui aujourd'hui est nommé « océan Atlantique », est appelé à cette époque « oceanus occidentalis ». Le terme s'emploie aussi dans un sens moral : être dans son occident signifie être dans sa décadence.

Cependant, au-delà de l'Europe, la question des Amériques est importante. En effet, avec l'arrivée des Européens (Espagnols, Portugais, Français, Britanniques...) dans ce qu'on a longtemps appelé le « Nouveau monde », le territoire européen et donc occidental s'est en quelque sorte élargi par cette colonisation dite de « peuplement », en particulier après que les épidémies apportées d'Europe ont décimé par endroits jusqu'à 80 % de la population indigène du Nouveau Monde. L'Occident peut donc être élargi, de l'Europe occidentale, à ce qui est appelé en anglais « Western Hemisphere », soit l'Amérique, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et aux pays membres de l'OTAN (Turquie exclue), suivant ce critère purement ethnographique.

Exemple de carte où apparaissent les situations géographiques « occidentale » et « orientale », par rapport à l'Europe.

Au xixe siècle, le terme est passé d'un usage purement pratique (qui est également représentable sur une carte car il n'est pas connoté) à des usages « idéologiques », dans le contexte de la colonisation et de la division du monde entre Empire britannique, Empire colonial français, Empire russe, Empire allemand et d'autres empires européens de moindre envergure. L'idée est de justifier la domination sur les autres peuples du monde exercée par les Européens à l'aide d'une supériorité sociale, morale, scientifique et culturelle. Ainsi, selon Laurent Testot15, la culture « occidentale » se fonde sur cinq aspects fondamentaux, cinq moments clés : loi humaine et non divine (humanisme), droit grec (idée des individus citoyens et non sujets), sécularisation et affranchissement progressif vis-à-vis de l'Église (propriété privée...), création d'institutions démocratiques. L'Occident est donc défini par les territoires dotés de ces caractéristiques qui le composent.[source insuffisante] Cette définition idéologique, cherchant à s'appliquer de façon explicite aux pays de la zone d'influence américaine en Europe lors de la Guerre froide, reste la norme aujourd'hui encore dans les pays concernés, avec quelques variations parfois selon les pays telles que la Destinée manifeste aux États-Unis.

Dans une définition politique du xxe siècle, le mot englobe les États membres de l'OTAN (1952). Cette signification, pour Occident et ses dérivés, a changé de sens avec la disparition et/ou l'évolution des régimes des pays d'Europe de l'Est (Europe orientale), en 1989-1990.

Sur cette carte du politologue Samuel Huntington (1996), l'Occident au sens strict apparaît en bleu foncé et l'Amérique latine en violet : L'auteur ne tranche pas et se demande si celle-ci peut être considérée comme occidentale ou si elle forme une civilisation à part.

Samuel Huntington, dans Le Choc des civilisations, a instrumentalisé la notion d'Occident pour l'opposer à l'islam et tenter d'expliquer les clivages actuels et futurs sur la planète. Son système de pensée présente comme antagoniques d'un côté un monde occidental qui serait démocratique et presque laïc et d'un autre côté un monde dont le caractère religieux serait la dimension centrale. Le point de vue de Samuel Huntington fait grandement débat en raison de sa dimension réductrice et antagoniste des rapports culturels. De plus, il est impossible aujourd'hui de concevoir l'Europe comme un tout unique et homogène ni même y inclure les États-Unis dans un grand ensemble unifié et constituant « un » Occident. De la même manière, considérer l'islam comme un tout homogène est faux, car la religion est vécue de façons très diverses au sein des pays où vivent des musulmans. C'est depuis le xixe siècle seulement que la notion est investie de significations autres, liées à une idée de progrès, de hiérarchie parmi les sociétés, et renvoie donc à une forme de domination et de supériorité que l'Occident porterait. Dans cette perspective, l'idée d'Occident apparaît dans la filiation du Fardeau de l'homme blanc.

Notions de système monde

Pour certains auteurs, l'Occident est un terme utilisé pour accentuer les disparités culturelles, politiques voire économiques. C'est un mot fétiche issu de l'histoire et fort utile aujourd'hui pour ordonner le monde16. Il s'agit actuellement d'une notion favorisant une certaine vision du monde, une espèce de catégorie pour amener et penser un ordre du système monde dirigé en premier lieu par les États-Unis (et aussi d'autres forces dites justement « occidentales » comme l'Union européenne ou l'Australie) et qui dispute sa propre vision du monde, son propre système de pensée.

Le terme « monde occidental » est également problématique, car il tend à diviser la planète en différents mondes distincts (Tiers monde, Monde arabe...), et donne donc l'image d'un Occident isolé du reste de la planète et centré sur lui-même. Couplée à la dimension civilisationnelle du terme Occident, ainsi qu'à l'idée de sa supériorité morale, intellectuelle et à la vision européocentriste de l'histoire qui prédomine dans les pays occidentaux, cette notion concentre de façon effective tout le progrès du monde dans un ensemble isolé et restreint, un « système monde » qui aurait tout développé seul, sans aucune influence externe. Cette idée, outre le fait qu'elle soit fausse d'un point de vue historique (l'usage de chiffres arabes, le fait que des personnalités non-européennes comme Avicenne, Augustin d'Hippone ou Moïse Maïmonide aient eu une influence très forte sur le christianisme et les sciences européennes montrant que l'Europe n'a jamais été un système isolé), est surtout problématique idéologiquement, car elle constitue un terreau fertile pour les racismes en considérant que l'homme de type européen est supérieur de façon historique et donc intrinsèque sur les autres.

Georges Corm écrit : « La notion d'Occident, aujourd'hui plus qu'hier, lorsqu'elle suscitait des querelles entre Européens, n'est plus qu'un concept creux, exclusivement géopolitique, sans contenu enrichissant pour la vie de l'esprit et pour bâtir un avenir meilleur. C'est la culture politique américaine qui a repris la notion à son compte et en a fait un usage si intensif au temps de la Guerre froide qu'elle ne semble plus pouvoir l'abandonner. En Europe, les vieilles et redoutables querelles philosophiques, mystiques et nationalistes, qui s'étaient polarisées sur ce terme chargé d'émotion, désormais apaisées, c'est avec délectation que le concept est employé pour confirmer sa fonction mythologique d'une altérité unique par rapport à tout ce qui est hors d'Occident et d'un sentiment de supériorité morale à laquelle le reste du monde doit s'ajuster ». Bien que très critique et sceptique, cette idée de désuétude du terme permet de déconstruire une notion qui est constamment mobilisée. Elle permet d'aborder avec prudence et d'être conscient de ce qui se cache derrière le mot « Occident ».

Définition de plusieurs Occidents

L'Europe (et les États-Unis aujourd'hui[Quand ?]) se pensent en modèle et ce qui s'affiche continuellement dans les médias fait état d'un seul Occident, d'un seul monde occidental qui incarne cette base de références culturelles, politiques, économiques. Malgré la polysémie qui se cache derrière ce terme, c'est une notion qui dans son sens englobant oriente les recherches académiques, les réflexions politiques, les débats journalistiques. Il y aurait plusieurs Occidents si l'on accepte de remettre en question l'unité de ce monde de pays capitalistes développés d'héritage religieux chrétien et de tradition libérale17.

Ceci souligne l'épineuse question des aires d'influence religieuse, qui participe, elle aussi, à la définition de la civilisation occidentale et de l'Occident. Il faut nuancer ces particularités trop généralisatrices du monde occidental, vu comme homogène. La situation tend à se compliquer dans le monde moderne, précisément parce que l'un des traits caractéristiques de la « civilisation occidentale » contemporaine est, surtout en Europe, l'athéisme, ou plus justement une forme croissante d'indifférence religieuse. Ainsi, en France, plus de la moitié de la population ne se réclame d'aucune religion, et seule 5 %, toutes religions confondues, a une pratique assidue18. À l'inverse, aux États-Unis, seuls 16 % de la population est irréligieuse, et presque la moitié a une pratique hebdomadaire19. La religion peut donc difficilement être retenue comme dénominateur commun aux pays occidentaux actuels, tout au plus peut-on dire qu'il s'agit de pays où les diverses religions chrétiennes ont joué un rôle prééminent au cours du dernier millénaire.

De ce point de vue, la confrontation actuelle entre l'Occident et les islamistes issus du Monde musulman est moins un choc entre christianisme et islam, qu'un frottement entre un espace où la religion tend, comme l'a fait remarquer Marcel Gauchet20[réf. incomplète], à n'être plus envisagée que sur le mode de la croyance privée, voire de la dérision, et des sociétés où les pratiques religieuses les plus extrémistes et sectaires (wahhabisme notamment) sont en pleine ascension. De plus, les causes socio-économiques et géopolitiques ne peuvent pas être négligées; dans un monde où à l'issue de la Guerre froide l'Impérialisme américain peut s'exercer sans contre-pouvoir, les ressentiments des populations affectées par des interventions militaires parfois illégales aux yeux du Droit international (comme l'invasion de l'Irak en 2003) ou par la pauvreté nourrissent les seuls groupes qui prétendent s'y opposer à l'échelle internationale, c'est-à-dire les djihadistes.

La recherche d'une définition exacte du mot continue de souligner son imprécision, comme la catégorie dans laquelle doit être classé le Japon. D'un point de vue géopolitique, économique et militaire, le Japon est souvent assimilé à l'Occident ; or sa population n'est pas liée aux populations originaires d'Europe occidentale. Néanmoins, c'est aussi un pays d'Extrême-Orient qui s'est développé sur le modèle industriel occidental et en a adopté les valeurs et la vision du monde à la fin de l'Occupation américaine du Japon en 1955. L'affiliation du Japon à l'Occident n'est donc que la prise en compte du fait que le Japon a été intégré à l'Occident géopolitique au moment où les États-Unis leur ont rendu leur indépendance après avoir supervisé la rédaction de la première Constitution japonaise. A contrario, les pays d'Europe centrale et de l'Est, qui sont désormais considérés comme des pays occidentaux au sens propre étaient, il n'y a encore qu'une vingtaine d'années, dans la phraséologie d'alors, les « pays de l'Est ». L'appartenance d'un pays à l'Occident est donc déterminée par l'appartenance à l'OTAN et à la sphère d'influence américaine, avec en outre une économie de marché et un gouvernement démocratique, plus que par des critères ethnographiques ou culturels.

La conception d'un Occident a un caractère mythique, car reposant sur une soi-disant homogénéité, elle nie les différences qui ont toujours structuré le continent européen. La notion possède également une acception culturelle : le mythe d'Antigone opposant sa conscience individuelle à la raison d'État reste présent en Occident de Sophocle jusqu'à Jean Anouilh, accompagné d'autres modèles exaltant l'individu. Celle-ci se constitue également en opposition avec un prétendu despotisme oriental, en exaltant la liberté individuelle des Occidentaux comme leur principale qualité. Il n'y a pourtant pas de continuité historique qui voit une Europe homogène, démocratique et pacifique. Claude Prudhomme, historien, a soulevé que l'évolution du terme d'Occident va vers le triomphe d'une véritable « essentialisation » du terme géographique et géopolitique au profit de valeurs et de comportements21. On essaie de mettre avant un caractère mystifié d'un Occident dominant, pacifiste, homogène. S'en élèvent plusieurs risques : « Dérive ethniciste et raciste, qui attribue le succès de l'Occident à des données démographiques et biologiques ; dérive culturaliste qui affirme la supériorité du modèle par son fondement religieux (chrétien en l'occurrence) ou philosophique (l'avènement de la raison). (...) Le raisonnement tiré de l'analyse historique est alors effacé au profit de l'affirmation de vérités ontologiques qui attribuent à l'Occident le privilège d'avoir fait triompher la raison et la science et revêtu une signification et une valeur universelles ». Il faut alors se détacher de cette idéalisation de l'histoire du continent européen qui aurait toujours eu une unité culturelle, philosophique, voire politique. L'existence et la mise en place du marché commun participe de cette volonté.

Le terme de monde occidental peut prêter à confusion car il recouvre des réalités différentes selon les époques et selon des considérations politiques, culturelles, idéologiques, religieuses ou philosophiques. Il est donc intéressant de l'étudier dans une perspective historique.

Le Forum Romain (Rome).

Après une période de relatif déclin mais aussi d'expansion durant le Haut Moyen Âge22, l'occident fut associé après le Grand Schisme à l'aire d'influence du catholicisme face à l'église orthodoxe de l'Empire byzantin. Avec la Renaissance, ses Grandes découvertes, et les premiers empires coloniaux espagnols et portugais, l'Occident s'est plus fortement étendu vers le reste du monde23. Jusqu'à la Révolution industrielle cependant, l'Empire Moghol, la Chine des Qing et l'Empire ottoman restent des rivaux commerciaux, militaires et économiques crédibles pour l'Occident pris dans son ensemble. Puis l'ascension des empires britanniques, néerlandais, et français a permis d'augmenter la domination du monde occidental autour du monde. Ces empires et cette colonisation, induisent une conquête missionnaire, commerciale, militaire ou institutionnelle par les Européens du monde qui façonne alors dans les esprits l'idée d'une supériorité de la civilisation occidentale. Ces conquêtes coloniales s'accompagnent par la diffusion du christianisme13, ainsi que d'un développement commercial qui fait la richesse et la puissance de nombreux pays européens.

La statue de la Liberté, offerte par la France aux États-Unis et construite sur le modèle des colosses antiques. Cette statue est à l'effigie de la déesse Libertas du panthéon romain, une divinité personnifiant la liberté.« Exportation » de l'Occident outre-mer : une reconstitution grandeur nature du Parthénon à Nashville (États-Unis).

La perte d'influence de l'Église au xviiie siècle via les Lumières, ainsi que l'émergence de l'État nation en Europe via la guerre de Quatre-Vingts Ans et la Révolution française, conduisirent à la perte de la notion d'Occident chrétien au profit d'une Europe des Lumières où les idées humanistes et le développement culturel touchent le continent dans son ensemble.

Puis la révolution industrielle démarrant au Royaume-Uni et les révolutions politiques du xixe et du xxe siècle, ont permis à ces empires coloniaux à la base surtout commerciaux de s'étendre à une très grande vitesse dans le monde et de gagner une emprise territoriale sur la plus grande partie du monde. Amérique mise à part, il ne reste au début du xxe siècle que l'Iran, l'Éthiopie, la Chine, le Liberia et la Thaïlande comme nations situées hors d'Europe qui soient toujours indépendantes. L'Europe, et au sein d'elle l'Occident, contrôle donc plus de la moitié des terres émergées de la planète.

Situation de l'alignement des pays dans les deux « blocs ». Les guérillas liées à la Guerre froide sont aussi mentionnées. Visuellement, la démarcation Occident-Orient est relativement claire.

Durant la Guerre froide, l'occident fut associé au capitalisme du « monde libre », composé des membres de l'OTAN et d'autre pays alignés ou neutres, face au bloc de l'Est communiste, dans la sphère d'influence de l'Union Soviétique, mais incluant également la Yougoslavie, l'Albanie et la République populaire de Chine24. La notion de tiers monde émerge alors, via les pays non-alignés le plus souvent anciennement colonisés, composés notamment de l'Inde, de l'Indonésie et des pays africains. La chute de l'URSS a permis durant les années 1990 à 2000, l'extension de l'Union européenne et de l'OTAN, qui ont symboliquement inclus la plupart des PECO dans la notion d'Occident.

Délimitations au début du xxie siècle

Depuis la chute de l'Union soviétique, la délimitation des « pays occidentaux » en tant qu'espace de culture commune s'est élargie, mais elle reste mouvante selon les circonstances et les points de vue. Les pays ou les régions qui constituent à l'heure actuelle l'Occident ne peuvent pas être identifiés de manière arrêtée et fixe : ceci en raison du fait que la notion même d'Occident renvoie à des dimensions culturelles, idéologiques, politiques, économiques et sociales diverses et difficiles à définir. Cependant certains pays sont fréquemment associés à la notion d'Occident : l'Europe de l'Ouest et l'Europe centrale, mais aussi les anciennes colonies d'Outre-mer majoritairement peuplées d'Européens (Amérique du Nord, Australie et Nouvelle-Zélande)

Certains autres pays révèlent certaines tensions ou hésitations quant à leur inclusion ou exclusion au monde occidental/oriental, comme c'est le cas de la Turquie ou de la Russie, qui ont depuis longtemps eu des relations culturelles et politiques étroites (par exemple, Henri Ier de France épousa Anne de Kiev en 1051, ou encore l'Alliance franco-ottomane qui dura du XVIe au XIXe siècle) avec l'Europe de l'Ouest. Le Japon est lui aussi un exemple de nation difficilement assimilable exclusivement à l'une ou l'autre de ces deux catégories. L'Occident peut aussi inclure l'Amérique latine, où l'on pratique le christianisme et où l'on parle des langues européennes (espagnol et portugais surtout) ; certains de ces pays sont même essentiellement peuplés de descendants d'Européens de culture latine (Argentine, Brésil, Chili, Uruguay...).

A l'heure actuelle donc, les limites géographiques de l'Occident sont très floues et dépendent de ce que la personne qui l'emploie lui donne comme signification. Cette dernière varie donc grandement d'un auteur à l'autre, d'un journaliste à l'autre, d'un politicien à l'autre. Il faut également être conscient de la tendance actuelle à calquer la vision contemporaine de l'Occident à des périodes plus anciennes, ce qui est une erreur. Claude Prudhomme25 cite notamment l'exemple de Charlemagne, à qui certains auteurs donnent le titre d'Empereur d'Occident au lieu du titre utilisé à son époque, qui était empereur des Romains. De même, on parle dans les années 1960 de civilisation occidentale ou d'Occident médiéval à propos du Moyen Âge en Europe de l'Ouest, ce qui a le net avantage de faire référence à un territoire doté de traits sociaux et politiques relativement homogènes à l'époque car regroupant les territoires récemment contrôlés par l'Empire carolingien. Cependant, il est nécessaire de remettre en question ce postulat d'un Occident dont on pourrait suivre l'histoire qui serait continuelle et harmonieuse à travers les âges. Les délimitations actuelles de l'Occident ne sont donc pas claires et dépendent de l'usage commun, des débats et enjeux politiques et idéologiques liés à ce terme.

Actuellement

Drapeau de l'OTAN, alliance militaire considérée comme le « bras armé » de l'Occident26,27.

Terme fort mobilisé pour penser la mondialisation, le terme « Occident » dans son utilisation courante est souvent marqué d'une majuscule. Avec la minuscule celui-ci renvoie à une situation géographique, d'un positionnement à l'ouest par rapport à une autre région, un autre emplacement. L'exemple de l'Empire romain d'Occident, bien que ce nom ne fut jamais utilisé par ses contemporains qui utilisaient Empire des Romains, illustre non seulement un positionnement géographique, mais déjà une notion politique. Cette dimension politique est celle qui prévaut aujourd'hui dans le langage courant. L'usage du mot continue à s'imposer dans certains discours politique, de sciences politiques, d'histoire ou de géographie:

L'utilisation de Occident avec majuscule renvoie notamment à l'Europe et à tout ou partie de l'Amérique du Nord ou parfois et plus spécifiquement aux membres de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN). C'est donc un point de vue politique et dans une moindre mesure culturel. Occident est, comme Orient, ce que Georges Corm, un économiste et historien du Proche-Orient, appelle une méga-identité28. Souvent utilisée dans les médias et les discours politiques pour l'opposer par exemple au pays en voie de développement, à l'Islam ou aux pays du Moyen-Orient, la notion d'Occident décrit donc l'Europe de l'Union européenne, le Canada et les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni et l'espace économique européen, présentés dans ce cas comme un monde occidental plutôt homogène, usuellement démocratique, généralement développé et majoritairement chrétien. C'est une construction géopolitique et culturelle.

L'entrée « occident » semble manquer dans plusieurs ouvrages de référence, notamment historiques ou géographiques. Parmi d'autres, citons quelques principaux: le Dictionnaire de géographie et de l'espace des sociétés29, l'ouvrage Les Concepts de la géographie humaine30 ou le Dictionnaire de l'histoire, le Petit Mourre31. Est-ce par simple lacune académique, par souci de clarté à propos d'un terme qui ne détient pas qu'une seule signification ? Peut-être est-ce parce qu'il s'agit d'une notion galvaudée et qui est trop utilisée pour en défendre la définition ? Quoi qu'il en soit, il paraît intéressant à relever cette lacune à propos d'un terme qui est sans cesse mobilisé aujourd'hui. Cela est peut-être expliqué par le fait que le seul Occident qui soit justifiable d'un point de vue général est le bloc géopolitique et idéologique qu'il constitue, car au niveau des cultures, des valeurs et de l'histoire les situations particulières des pays qu'englobe cet ensemble sont difficiles à concilier avec la notion d'un Occident unifié au sens géographique, religieux ou culturel.

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